Tout part d’une bête interrogation et d’une déception globale face aux bandes-sons des derniers jeux auxquels j’ai joué, un certain FFXII en tête.
Alors voilà : la musique créée spécifiquement pour un jeu vidéo n’est-elle pas finalement limitée?
Bon, je vois déjà tous les fans de Mitsuda, Sakimoto, Otani & co monter sur leurs grands chevaux. Huhu ^^
Préambule…
Dans le milieu cinématographique, les OST piochent souvent parmi des morceaux existants. Certes il y a le problème des droits à payer et tous les éditeurs ne pourraient se le permettre. Dans un jeu comme Fahrenheit, la bande-son est justement très proche de ce qui se fait dans le cinéma : une compilation de divers artistes (Sandpaper Kisses, rah). Le résultat est très convainquant bien qu’un peu inégal (là encore, manque de fonds à mon avis). Parfois, seul un morceau ou l’autre est suscité, je pense au Requiem de Mozart dans Onimusha 3. Les jeux de course/sport, eux, puisent allègrement parmi les groupes cultes/populaires et ceci renforce vraiment le plaisir de jeu à mon goût. Je pense à des WipEout, Gran Turismo, Tony Hawk’s,...
Maintenant, droits et fonds mis de côté, dans un jeu aux ambitions plus artistiques (RPG en tête), êtes-vous pour une bande-son “entièrement personnalisée” au risque d’être fade et bouclée à la va-vite (je pense par exemple à Sakuraba qui a beaucoup répété/déçu/bâclé à mon goût), ou un recueil de pistes existantes à la qualité irréprochable?
Problème : en arrivons-nous à des oeuvres pas entièrement “originales” puisque tout n’a pas été conçu de A à Z?
En fait, il ne s’agit pas de se “plier” à des morceaux existants, mais de dénicher les pistes parfaites qui colleraient aux scènes, comme le ferait un Tarantino. Bien sûr cet exemple est ambigü car finalement ce cinéaste réalise à la fois des oeuvres personnelles et de gigantesques brassages/mélanges impersonnels de ce qu’il aime. Prenons un Trainspotting alors : ce film aurait-il été plus personnel avec une bande-son 100% originale plutôt que du New Order, Blur, Primal Scream, etc? OK, il s’inscrit dans une réalité et un univers dont les musiques proposées sont difficilement dissociables. Troisième exemple, dans ce cas : Lost in Translation. Cette fois, je pense qu’on peut dire que la bande-son contribue à l’ambiance, à une certaine alchimie, et que le film aurait perdu de son intérêt si les compositions avaient été originales.
Maintenant, peut-on appliquer ce procédé à un univers totalement personnel, créé de toutes pièces tel qu’un Ivalice? C’est là une question que je vous pose. Imaginez un RPG sur fond de Dead Can Dance, qui se base beaucoup sur l’ésotérique, l’irréel, le fantastique. Sans vouloir brusquer quiquonque, les compositions de ce groupe sont d’un niveau largement supérieur aux OST de 99% des RPG auxquels j’ai pu jouer, tout en restant souvent dans des registres similaires.
Selon moi, les meilleures compositions existent déjà, et ce qui se fait de nos jours brasse, copie, mélange, surtout dans un “sous-domaine culturel” comme le jeu vidéo (berk toutes ces compositions rock pourries que j’ai pu entendre dans les jeux). Plutôt que de proposer de la copie ou du sous-Trucmuche, autant prendre du solide, de “vraies” compositions abouties non?
Pourquoi pas Orbital dans Metroid?
Radiohead période Ok Computer dans Portal?
Mogwai dans Silent Hill?
etc.
L’imperfection personnelle a-t-elle plus de charme que la perfection “assemblée”, non imaginée de toutes pièces?
_________________
La question sous-jacente du débat c’est “est-ce que les compositeurs de JV sont moins doués que les autres ?” c’est ça ?
> L’un des points fondamentaux (wouahou) qui font que j’aime les RPG c’est qu’ils prennent place dans des mondes complètement fictifs (comprendre par là que plus ça colle à la réalité et moins ça m’intéresse).
Et je me vois mal plongé dans un monde fictif avec une musique que j’ai déjà pu entendre avant et dans un cadre complètement ‘réaliste’.
(Désolé de pas pouvoir développer plus que ça mais plus ça va et plus j’ai l’impression que tout Internet a trouze milles références musicales à part moi – et pour peu je m’en sentirais presque coupable. :x)
_________________
← Pic: cosmic
Alors déjà, Trainspotting = Lust for Life = Iggy Pop ! Voilà qui est fait…
Quant au sujet… Je me suis toujours dit que la musique de jeu, films et consorts spécialement faite pour l’oeuvre n’a que pour but de servir cette oeuvre.
Introduire une musique qui existerait déjà, “pour elle-même” donc, aurait fonction supplémentaire alors, peut-être… Déjà la référence (“ah tiens mais je connais ce morceau”), qu’amènerait cette référence ?
Des questions en plus, donc.. mais là c’est dimanche ._.
_________________
En ce qui concerne certains types de jeux, je pense que ça aide d’avoir des titres puisés dans le registre populaire/classique pour appuyer un effet de reconnaissance propre à nous faire écho. Dans Fahrenheit par exemple, c’est pas tant la qualité que je mets en avant, mais plutôt la dimension plus réaliste que prend ce jeu qui se veut justement immersif de par sa cohérence et son réalisme (enfin, avec certaines limites, vu que ce jeu devient n’importe quoi passé la première moitié du jeu). Avoir de vrais morceaux quand on allume sa chaîne stéréo, forcément, je trouve ça plus percutant quand on met l’accent sur la cohérence du quotidien (qui vient à basculer, ici, mais tout de même).
« Troisième exemple, dans ce cas : Lost in Translation. Cette fois, je pense qu’on peut dire que la bande-son contribue à l’ambiance, à une certaine alchimie, et que le film aurait perdu de son intérêt si les compositions avaient été originales. »
Ben non, on ne peut pas le dire, puisqu’on n’a pas sous la patte ces hypothétiques compositions originales et encore moins le film avec lesdites compositions. C’est difficile d’imaginer le film sans ses musiques actuelles tant ça semble être l’une de ses voûtes, et je comprends qu’on puisse rejeter cette idée d’un point de vie sensible, mais pour autant, objectivement, on peut absolument pas affirmer catégoriquement que le film aurait été moins bon. Au mieux, on peut affirmer avec une relative certitude qu’il aurait été bien différent.
En ce qui concerne les jeux type RPG, ça me semble déjà être autre chose que le cas d’un Fahrenheit qui vise le réalisme, et c’est difficile de trouver des morceaux qui colleraient à de telles ambiances. L’exemple de Dead Can Dance est vraiment très très à part selon moi, parce que la voix de Lisa Gerrard, et ben… y en a pas deux des comme ça. Alors sur ce point, oui, les compositions du groupe plus cette voix hallucinante sont parfaits pour poser des ambiances d’un autre monde (au sens propre comme au sens figuré), et personnellement, je l’utilise d’ailleurs pour mes parties de jeu de rôle papier.
Maintenant, je trouve vraiment trop catégorique d’affirmer qu’une bande-originale de jeu se fera toujours planter par de vraies musiques. Un compositeur de jeu ne va pas être moins bon qu’un compositeur “normal” sous le simple prétexte que “c’est pour du jeu vidéo”, donc je ne vois pas trop en vertu de quoi on pourrait lâcher une affirmation aussi péremptoire. Ce qui est sûr par contre, c’est que la musique existe depuis la nuit des temps, tandis que le jeu vidéo n’a, soyons généreux, qu’une trentaine d’années derrière lui. Par ailleurs, la production musicale sera toujours beaucoup plus importante dans le domaine “général” que dans le domaine particulier du jeu vidéo. Enfin, la possibilité d’avoir des productions musicales proches de ce que pourrait faire un vrai compositeur est toute récente, que ce soit en raison de limites techniques ou économiques. Ca porte donc à une production très limitée de morceaux qui pourraient rivaliser avec des morceaux composés en dehors d’un studio de développement. Mais il me paraît que ça reflète simplement la loi des nombres, et non les limites d’un compositeur de jeu vidéo à créer, sans parler de quelque chose d’original, du moins des compositions dans un style particulier qui serait de qualité. A l’heure actuelle, il n’est pas dur d’imaginer qu’un compositeur de jeux bénéficierait de moyens aussi important que n’importe quel musicien standard (parfois même plus). On admettra raisonnablement qu’il n’y a pas de relation entre la qualité d’une piste musicale et l’utilisation de cette piste dans un jeu. Celle-ci ne déterminera pas celle-là, et un compositeur de jeux de facto n’est pas moins bon que n’importe quel autre compositeur. Aujourd’hui, ceux-ci commencent tout juste à avoir enfin les moyens de rivaliser. Je trouve dommage de vouloir les tuer dans l’œuf. Voilà mon avis en ce qui concerne la qualité. En ce qui concerne le « déjà-vu et revu »...
En supposant que tout a déjà été fait (ce qui serait bien triste quand même ^^, surtout que tout le monde devait se dire la même chose le siècle dernier, et le siècle d’avant aussi…), doit-on pour autant condamner toute tentative de faire quelque chose sous le simple prétexte que ce ne sera jamais un style neuf ? Mais si c’est le cas, ne doit-on pas étendre cette critique à toute la production musicale ? car le jeu vidéo n’est pas le seul à faire encore de la musique aujourd’hui. Autant ne plus produire aucun bouquin, aucune musique, aucun film, aucun jeu, sous le prétexte que « tout a déjà été fait ». Avec un tel optimisme, c’est sûr que c’est pas demain qu’on verra du neuf.
Moi je veux bien qu’on veuille stopper la production musicale du jeu puisqu’elle ne sera jamais originale, et qu’on les remplace par ce qu’on a déjà fait, mais dans ce cas le jeu vidéo ne doit pas être un cas isolé et le raisonnement doit être suivi jusqu’au bout : toute production (musicale) actuelle, doit cesser, ou du moins devrait idéalement cesser, du moment qu’elle n’est pas neuve, et ceci pour laisser place au glorieux héritage du passé.
Un beau gâchis selon moi, mais du moment que l’on pense qu’on ne doit créer que du neuf dans un jeu, alors j’estime qu’on doit suivre cette idée pour tout.
Enfin, rappelons aussi que, comme au cinéma, beaucoup de musiques de jeux sont des thèmes d’ambiance qui n’ont que peu d’équivalents dans la musique normale. Certains des meilleurs thèmes d’ambiance que j’ai trouvés étaient issus du jeu vidéo. Pour en avoir beaucoup recherchés pour les jeux de rôle, hormis les pistes de Danny Elfman en ce qui concerne le cinéma, j’ai trouvé beaucoup plus de morceaux de qualité dans le jeu vidéo, et beaucoup plus de variété, puisque souvent, j’ai trouvé les musiques à mi-chemin entre le pur morceau d’ambiance discret du cinéma et la « vraie » musique faite pour s’écouter pour elle-même.
P.S. : Je ne considère pas le jeu vidéo comme un sous-domaine culturel. Ce n’est pas le sujet, mais je tenais quand même souligner mon désaccord. Jeune, embourbé par des enjeux économiques par beaucoup trop étouffants, avec une majorité de productions sans réels enjeux (autre que le mercantilisme), je pense toutefois que c’est un média qui a de l’avenir, s’il ne s’effondre pas sur lui-même.
_________________
\[T]/
Je pense personellement que la musique de JV est à l’image de celle des films elle mêmle comme la prod musicale, qu’elle soit originale ou non : mauvaise ou bonne selon le ocmpositeur
Pour moi l’évolution va aller dans le sens d’experimentation pour certains jeux (Vib Ribbon, Rez) ou même vers une abnégation de la musique pour le simple son (Ico).
Ca c’est interessant à mon gout, le reste bof quoi.
_________________
J’ai toujours eu l’impression que les compositeurs de jeux vidéo étaient des musiciens classiques ratés et qui ne répondaient qu’à des commandes, produisant en cela des oeuvres souvent sans âme et trop semblables voire génériques. La musique n’est plus alors le moyen d’exprimer une émotion mais un produit dérivé ou une nappe sensorielle en plus, avec un petit peu plus de sens qu’un grésillement hertzien.
Mais à l’inverse, si certains ne se sortent pas les doigts du cul y en a quand même qui ont le sens de la mélodie et savent créer avec quelques accords des musiques intenses et tristes, comme c’est le cas des musiques pop et amères de Silent Hill 2 par exemple. Et le fait que l’on s’occupe d’un jeu vidéo vient ajouter une liberté et un ton particulier à cette musique qui n’aurait peut-être été qu’une énième déclinaison des mêmes motifs de films d’horreur.
On a aussi des jeux comme Nomad Soul où le musicien du monde du jeu et l’artiste se cotoient et créent ensemble un son et une identité commune… comme avec David Bowie en l’occurrence.
_________________
”The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman”
Je trouve quand même assez réducteur de parler de Fahrenheit sans aborder le travail d’Angelo Badalamenti. Ok, les pistes “non-originales” sont bonnes et remplissent très bien leur rôle, mais le gros de l’ambiance c’est justement à la musique “originale” qu’on la doit, je trouve.
_________________
Personnellement, je suis d’accord, d’autant plus que j’aime ce compositeur et ses compositions (merci Twin Peaks), mais dans l’exemple donné par Aniki, je pense qu’il s’agissait plus de présenter un jeu utilisant certaines musiques tirées d’un vrai registre, ce qui n’est pas si courant finalement dans un jeu type aventure. Après, forcément, le jeu a ses propres thèmes d’ambiance. Pour ma part, c’est bien pour ça que je précisais à la fin de mon post que les thèmes d’ambiance ne pouvaient que difficilement être puisés dans de la musique plus “généraliste”).
Mon but n’était pas de déprécier le rôle des musiques d’ambiance de ce jeu, c’était tout simplement pas vraiment l’objet de mon propos à ce moment là de mon post.
_________________
\[T]/
(oui oui, en ce qui concerne Fahrenheit je ne remets pas en question les pistes originales, voir réponse de Lordy)
“Ben non, on ne peut pas le dire, puisqu’on n’a pas sous la patte ces hypothétiques compositions originales et encore moins le film avec lesdites compositions. C’est difficile d’imaginer le film sans ses musiques actuelles tant ça semble être l’une de ses voûtes, et je comprends qu’on puisse rejeter cette idée d’un point de vie sensible, mais pour autant, objectivement, on peut absolument pas affirmer catégoriquement que le film aurait été moins bon. Au mieux, on peut affirmer avec une relative certitude qu’il aurait été bien différent.”
Oui, différent mais à mon sens difficilement meilleur… mais c’est vrai que se projeter dans l’inconnu est toujours très casse-gueule.
“c’est difficile de trouver des morceaux qui colleraient à de telles ambiances. L’exemple de Dead Can Dance est vraiment très très à part selon moi, parce que la voix de Lisa Gerrard, et ben… y en a pas deux des comme ça. Alors sur ce point, oui, les compositions du groupe plus cette voix hallucinante sont parfaits pour poser des ambiances d’un autre monde (au sens propre comme au sens figuré)”
C’était un exemple, mais ne serait-ce que dans le même genre il y a une brochette de groupes tels que This Mortal Coil, Elend, Arcana,...
Des groupes à vertu “atmosphérique” et “irréelle”, il y en a vraiment des tas, je t’assure. Il existe aussi beaucoup de groupes de genre “néo-classique” qui recoupe ce qui se fait généralement dans le RPG… en plus abouti, en particulier les productions indépendantes où la liberté artistique est de mise. Sans parler de tout ce qui se fait niveau instrumentalisations plus modernes.
En ce qui concerne la qualité des musiques, je rejoins le premier paragraphe de Daku car c’est effectivement où je voulais en venir : “J’ai toujours eu l’impression que les compositeurs de jeux vidéo étaient des musiciens classiques ratés et qui ne répondaient qu’à des commandes, produisant en cela des oeuvres souvent sans âme et trop semblables voire génériques.”
C’est malheureusement valables dans de nombreux cas, je pense.
La qualité ne peut s’élever parce que les délais ne sont pas pareils, que les budgets non plus, ou encore que la motivation et l’ambition ne sont sans doute pas toujours au rendez-vous.
(question tendue : faut-il embaucher de “vrais” musiciens et tuer le métier de “compositeur dans le JV”?)
Sinon oui, je trouve que tout a été fait MAIS qu’on peut transcender les genres, les améliorer, s’élever… ce que ne peut se permettre le média du jeu vidéo pour les raisons évoquées juste au-dessus : délais, budgets, ambitions, motivations :b
“Enfin, rappelons aussi que, comme au cinéma, beaucoup de musiques de jeux sont des thèmes d’ambiance qui n’ont que peu d’équivalents dans la musique normale.”
Ce n’est qu’une idée reçue de ta part, avec un peu de curiosité tu découvriras vite une production musicale insoupçonnée dans ce domaine…;)
Ceci dit je ne remets pas en cause la qualité de certaines compositions JV, car effectivement de temps à autre naissent des OST extraordinaires (et heureusement).
“P.S. : Je ne considère pas le jeu vidéo comme un sous-domaine culturel. Ce n’est pas le sujet, mais je tenais quand même souligner mon désaccord. Jeune, embourbé par des enjeux économiques par beaucoup trop étouffants, avec une majorité de productions sans réels enjeux (autre que le mercantilisme), je pense toutefois que c’est un média qui a de l’avenir, s’il ne s’effondre pas sur lui-même.”
D’où mes guillemets en fait… mais j’ai tout de même du mal à y croire, je ne vois rien dans la situation actuelle qui puisse faire avancer les choses.
_________________
« D’où mes guillemets en fait… mais j’ai tout de même du mal à y croire, je ne vois rien dans la situation actuelle qui puisse faire avancer les choses. »
En ce qui concerne l’interactivité (pour moi le cheval de bataille du jeu vidéo), je pense qu’il y a pourtant beaucoup de choses à voir et à découvrir, mais pas forcément sur nos chères consoles, quoi qu’elles aussi osent parfois s’aventurer sur ce terrain.
…
J’attends encore le jeu vidéo qui réfléchira sur le jeu vidéo. La critique littéraire a mis quelques siècles avant d’émerger pour faire l’examen des œuvres, alors bon, je pense qu’on a le temps de voir venir une critique dans le jeu lui-même, surtout dans un genre qui se veut ludique avant tout, à une époque où même les domaines « artistiques » deviennent majoritairement divertissement.
« En ce qui concerne la qualité des musiques, je rejoins le premier paragraphe de Daku car c’est effectivement où je voulais en venir : “J’ai toujours eu l’impression que les compositeurs de jeux vidéo étaient des musiciens classiques ratés et qui ne répondaient qu’à des commandes, produisant en cela des oeuvres souvent sans âme et trop semblables voire génériques. »
Ouais, mais ça ça veut pas dire grand-chose. Certaines des plus grandes compositions classiques, des plus grandes symphonies, ont été écrites suite à des commandes. Le mécénat était pas toujours aussi gratuit qu’on le voudrait, et le fait qu’on marche à la commande n’est pas forcément signe de décadence artistique. Je pourrais aussi citer pléthore d’œuvres littéraires qui n’auraient pas vu le jour sans commandes. L’art également, nul doute là-dessus, mais ce n’est pas vraiment mon domaine, donc je m’y risquerai pas trop.
« Sinon oui, je trouve que tout a été fait MAIS qu’on peut transcender les genres, les améliorer, s’élever… ce que ne peut se permettre le média du jeu vidéo pour les raisons évoquées juste au-dessus : délais, budgets, ambitions, motivations :b »
Okay, ce n’est pas ce que semblait indiquer ton premier post. Mais bon je vois pas en quoi la motivation et l’ambition seraient moins présentes sous prétexte qu’on marche à la commande. Enfin bon, voir mon message du dessus, je vais pas me répéter. Quant au délai et au budget, à l’heure actuelle, je doute franchement que les compositeurs de jeux aient à rougir.
« Ce n’est qu’une idée reçue de ta part, avec un peu de curiosité tu découvriras vite une production musicale insoupçonnée dans ce domaine…;) »
La musique d’ambiance que j’entends dans un film par exemple, s’écoute difficilement en dehors, sauf si la mélodie est vraiment présente. Les thèmes d’ambiance que j’imagine mal voir produits en dehors de ça sont ceux qui misent vraiment pas sur la mélodie, mais uniquement sur un rythme, des sons et des tonalités plutôt discrets, juste pour soutenir l’image. Pour moi, ces thèmes ne m’inspirent pas sortis de ce contexte. Je pense qu’on peut associer mélodie et ambiance, mais que dans le cas de la musique « support », l’ambiance doit être privilégiée. Avoir de la musique d’ambiance sans mélodie derrière, ça me plaît pas. Mais bon, oui, ça existe, mais l’on peut pas espérer que ces thèmes colleront parfaitement à un film. Ca ne s’adapterait pas à l’image, à la mise en scène particulière, sauf à de rares occasions. Une musique d’ambiance, qu’elle soit meilleur ou pas, ne s’incrustera jamais dans un film aussi bien que le ferait une composition spécialement étudiée pour. Et on se demande alors si ce « meilleur », mal intégré, ne devient pas finalement du moins bon quand il est mal utilisé, là où un thème moins bon pourrait gagner en intérêt dans son contexte. Quand on parle d’une musique destinée à accompagner des images, je pense que la qualité se juge également sur ce facteur.
Puis plus globalement, je suis contre les restrictions « on ne garde que le meilleur et on jette le reste à la poubelle ». Je prône plutôt la diversité que la sélection. Si on faisait ça, alors on connaîtrait tout nos thèmes par cœur, ce serait toujours la même soupe, on finirait par se lasser et on demanderait de toute façon quelque chose de neuf, quand bien même ce serait pas la révolution tant attendue des mélomanes. Des œuvres mineures mais populaires qui auraient pu influencer d’autres auteurs ne verraient jamais le jour, empêchant donc d’autres œuvres inspirées d’être produites. Le « petit » Small two of pieces n’aurait pas conclu Xenogears, empêchant Echy d’atteindre la félicité. Il aurait dû se contenter d’un truc indéniablement meilleur, mais déjà écouté des milliards de fois, et dont les paroles n’auraient sans doute pas été aussi percutantes. Je n’aurais jamais écouté le thème d’Aerith, ignobles grésillements, amas de fréquences et d’intensités informes, décibels peu reluisants, au profit d’un thème ô combien meilleur, mais qui m’aurait privé de l’une de mes mélodies favorites, à moi qui ne suis pas un mélomane mais un frustre qui revendique tout de même le bonheur de mes anses auditives ! Les musiciens n’auraient plus grand-chose à faire, on ne leur pardonnerait plus leurs œuvres de « premières jeunesses », ils ne pourraient plus se faire la main. On finirait par tourner en rond, la musique s’effondrerait. On interdirait les musiques « à la commandes » car synonyme de consumérisme, de formatage, d’académisme et improductif sur le plan « artistique ». Les films et les jeux devraient désormais s’adapter à la musique, et non l’inverse. Les films deviendraient moins bon, les jeux également. Les maisons de disque profiteraient bien ce regain d’intérêt pour les morceaux, et plutôt que de toujours taxer plus le particulier sans le sou, trouverait sa nouvelle vache à lait en les compagnies qui voudraient acheter les droits d’utilisation de tel morceau dans telle œuvre. Ils n’auraient même plus à se fatiguer à produire du neuf ! Ce serait alors une nouvelle cause de la rarification (!) de la musique nouvelle, qui viendrait à contaminer le cinéma. Comme tout mouvement d’influence culturel, la volonté de n’avoir que du neuf ou bien du meilleur deviendrait une cause d’intellectuels et de doctes philistins malavisés, et l’art serait touché par cette même idéologie. Seraient ensuite touchés non plus seulement les domaines de l’art, mais également la recherche scientifique, la psychologie, la cuisine et même la culture de la betterave ouzbekisthane. Le chômage gagnerait d’abord les compositeurs de jeux et de films oisifs, puis les artistes en général, avant de gagner l’ensemble des secteurs poumons de notre société contemporaine. L’économie s’effondrerait, devant le manque d’innovation et l’ennui général de la population face aux œuvres mille fois vues et revues, mille fois achetées et rachetées. Devant une société devenue moribonde, ennuyée devant le manque de renouveau, et devant les cracks économiques qui auraient succédé, on entrerait alors dans une crise sociale et intellectuelle où l’avenir des arts et des loisirs, moteurs du plaisir et donc de l’existence humaine, seraient les enjeux. Dans cette situation précaire, un « J’allume » (la chaîne stéréo) serait diffusé dans le célèbre Crépuscule, demandant à l’Etat gendarme mondial (oui, car l’uniformisation des arts aura été celle des pensées, et une culture moins vaste se répandant, on finira par avoir un Etat mondial, on parlera tous une langue pleine de patois vernaculaires, et il y aura plein de guerres civiles) de faire quelque chose ! De stopper l’abus des maisons de disque ! de financer les loisirs ! de laisser à nouveau Joey Starr chanter ! (bon nan, quand même pas) Des guerres éclateraient sans doute, car quand l’on ne peut pas dire de la merde, et bien on se bat pour avoir ce droit, c’est bien connu ! Car même si l’on n’aime pas « To Zanarkand », on se battra jusqu’à la mort pour avoir le droit de la diffuser et de l’écouter ! Dans toute cette mélasse, certaines institutions religieuses tenteront de remettre au goût du jour l’art véritable, celui qui glorifie quelque idole barbue et mal habillée. Les guerres d’abord civiles deviendront également de religion et d’idéologie, on finira par tous s’entretuer, et ce sera la fin du monde.
Nobuo Uematsu, compositeur japonais de jeux vidéo, planqué depuis 20 ans dans une cave pour échapper à quelques fans de FF, tel que SirYamaneko, apparu un beau matin sur la toile, et qui souhaitaient voir pendu l’animal moustachu après son refus de participer au remake de FF VII, sortira des décombres et découvrira qu’il est le seul survivant. Il composera un dernier thème mélodramatique sur son synthétiseur avant d’être à son tour emporté par les retombées radioactives, qui n’auront pas manquées au préalable de lui faire pousser six nouveaux bras à sept doigts, lui permettant de composer le premier et l’unique « huit mains dont six à sept doigts » de l’humanité, et personne ne pourra en profiter. Illuvatar, fort fâché de voir qu’on n’aura pas su apprécier la musique à sa juste valeur, alors que c’est bien une symphonie qui nous animait, décidera que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, surtout celle des autres, et donc qu’il n’y aura pas d’organismes unicellulaires pour évoluer et prendre notre place. Il tuera également ses copains qui braillent pour pouvoir écouter éternellement le huit mains dont six à sept doigts du compositeur japonais Nobuo Uematsu tout seul dans son coin. Fin de la vie.
_________________
\[T]/
“Nobuo Uematsu, compositeur japonais de jeux vidéo, planqué depuis 20 ans dans une cave pour échapper à quelques fans de FF”
D’un point de vue purement technique, je tiens à souligner qu’il avait passé des vacances en europe (payées par Square, en plus) à l’époque de la création de FF9. Ce qui en fait déjà un des employés de Square les plus voyageurs, pour autant que je sache XD.
Plus généralement, je trouve l’argument original super bizarre, il ‘ny a jamais de vrai argument sur pourquoi la musique des jeux serait limitée. Genre:
”êtes-vous pour une bande-son “entièrement personnalisée” [...] ou un recueil de pistes existantes à la qualité irréprochable?”
Bah c’est facile, je fais le choix bizarrement laissé de côté, une bande son entièrement personnalisée à la qualité irréprochable. C’est pas parce que les compositeurs cités ne sont pas mémorables que ça veut dire qu’il y a une sorte de limitation propre aux jeux. Si au moins ça avait été argumenté du côté technique (la technologie musicale recevant généralement beaucoup moins d’attention que les autres bouts d’un jeu), à la limite, mais en plus avec les formats actuels c’est hors de propos. On prend un truc comme la bande originale de Total Annihilation de Jeremy Soule, c’est fait avec l’orchestre symphonique de londres, assez distinct et ça s’écoute très bien sans le jeu avec.
Et pour Portal, je n’échangerais jamais Coulton pour du Radiohead. A la limite pour un truc des Monty Pythons, mais eux, quand on leur a demandé le droit d’utiliser “Always look on the bright side of life” pour un jeu leur réponse a été de composer un nouveau morceau parce qu’ils trouvaient dommage de recycler un vieux truc.
Ceci dit, je pense que le recyclage a ses qualités aussi, les Ouendan/EBA en font un excellent usage (et brütal Legend a l’air de promettre de ce côté-là, mais il est aussi en grande partie constitué de morceaux originaux composés par différents “vrais” musiciens de Heavy Metal)
_________________
The delivery is justice, and as you know all too well, nothing stops the mail
“D’un point de vue purement technique, je tiens à souligner qu’il avait passé des vacances en europe (payées par Square, en plus) à l’époque de la création de FF9. Ce qui en fait déjà un des employés de Square les plus voyageurs, pour autant que je sache XD.”
Il est repassé ensuite pour présenter Advent Children. Quand est-ce qu’il passe pour un concert ce zouave au lieu de faire le touriste ?
Mais mon post se déroule quelques temps après bien sûr ! Il n’y a pas d’erreurs ni de failles dans mon fabuleux scénario d’anticipation !
_________________
\[T]/
Je pense que pour un concert, la meilleure chance serait à la games convention, mais il n’y est pas en personne chaque année.
(fichtre, en 2006 en plus de Uematsu avec FF6-7 ils avaient du SotN et du SotC. bave)
_________________
The delivery is justice, and as you know all too well, nothing stops the mail
Quid des nouveaux compositeurs de jeu vidéo ?
_________________
”The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman”