En plus ça me gêne qu’on vise une intrigue aussi riche, avec des références aussi prestigieuses, mais qu’à côté de ça, on se détache pas de tous les gros clichés du manga (la bestiole mignonne, les gros robots, le héros qui a une force cachée qui lui permet de tout défoncer, etc.).
C’est que c’est aussi un RPG classique et qu’il a aussi beaucoup d’humour. J’aime bien cette façon de redescendre un peu sur terre et de se moquer de soi. Et puis bon y a beaucoup d’influences même scénaristiques d’animes comme Evangelion. Beaucoup de références et de dérision. Sans ça le jeu aurait été beaucoup plus prétentieux et l’ambiance moins chaleureuse. Ca permet aussi le contraste entre les moments de joie et les grands chocs émotionnels.
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”The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman”
Hadō Sonzai
Oui, mais en même temps c’est jamais les musiques qui font la différence entre un bon jeu et un mauvais jeu. Entre la trinité graphisme/scénar/gameplay, on peut discuter. Mais je ne connais aucun jeu qui a été “sauvé” par ses musiques. Le mieux qu’ils peuvent espérer c’est d’être des mauvais jeux avec des musiques superbes.
Certes non, mais le “un peu” me semble exagéré, XG est probablement dans les meilleures OST de Mitsuda (je dirais bien de RPG tout genre confondus mais ça serais purement subjectif) et à une empreinte très forte sur le jeu, bien plus que ce qu’on est en droit d’espérer d’une OST normale.
Bof, une fois que tu maitrises le crushing (faire des combos de 15-20 hits en commençant par des coups à 1 HP avec un Risk à 100%) et que tu balance un Break Art par ci par là, il suffit d’isoler les ennemis et on peut plier le jeu en combat à mains nues :x
J’ai jamais joué à mains nues mais je suppose que les bonus/malus vis-à-vis de certains ennemis sont également présents sur les poigs d’Ashley. De fait, et quand bien même on commence les dommages à 0, je conçois que se tapper des chains à gogo est chiant et décourageant, d’où l’idée de difficulté.
LordY > Si je vois ce que tu veux dire par mauvaise narration je ne suis pas d’accord pour les digressions. Il y en a, oui, mais c’est le lot commun des RPG que de commencer paysan et de finir en être quasi-divin (je caricature mais comme tu le dis : on va toujours commencer par cultiver les radis de mamie Yvette pour en arriver, 60H plus tard, à tuer la monstruosité cosmique qui menace la planète). Le problème ne vient pas pour moi de XG mais de la structure même du genre (la palme revenant à mon avis aux BOF avec leurs quêtes “cherchez un objet X au point Y, le ramener à Z et avancer, chercher un objet au point X2, le rapporter…” qui sont à mon avis bien plus chiantes que les passages de XG).
Pour moi beaucoup de choses ne sont jamais liées. J’entends par exemple toute l’histoire avec la succession de Bart et le sauvetage de Margie, puis les événements à Nortune. Honnêtement cette portion du scénario doit bien prendre entre 10 et 15 heures et est complètement inutile et sans rapport avec le vrai fond du scénario.
Ca ne changera certes pas le jeu mais je tenais à dire que le PW précise pas mal de points entre Nortune, Aveh, Nissan et les anima container (comment et pourquoi les animus sont les persos du jeu, comment se fait-il qu’il y ai une résonance entre le fait d’être anima et connu dans l’histoire de XG (parceque bon Roni et Rene, à part faire un clin d’oeil à FFVI, ils servent pas à grand chose), etc.). Ca a probablement été supprimé du jeu et a donc coupé le lien principal entre ces morceaux du jeu et le scénario. Reste que certaines digressions sont assez cools, comme la révélation lors du couronnement de Bart.
va traverser ces p*****s de marais pour obtenir un piment)
Oui mais ce jeu à un système de CHANGE. >D
mais quand après la caverne de Stalactite je dois me taper toute une opération de sauvetage à la con sans raison particulière (« je sais pas quoi faire, alors je vais aider Bart, que je viens juste de rencontrer, parce qu’il est sympa, même s’il a tenté de me tuer y a un quart d’heure. » Je résume un peu les motivations de Fei à ce moment du jeu…), je trouve ça gavant car Fei n’a aucune prise sur les événements et se contente de faire des missions à droite à gauche en attendant que le scénario lui apprenne ce qu’il doit faire.
Il faut aussi voir l’état dans lequel Fei est à ce moment là, c’est assez plausible qu’il ai des réactions pareilles après ce qu’il a vécu (d’ailleurs il n’a vraiment de prise sur le scénario qu’au moment ou il fait un contact total, à la fin quoi).
mais qu’à côté de ça, on se détache pas de tous les gros clichés du manga (la bestiole mignonne, les gros robots, le héros qui a une force cachée qui lui permet de tout défoncer, etc.).
Pour Chu-chu, ok, j’ai jamais pigé ce qu’elle foutait dans le jeu non plus (à part pour UN moment particulier – deux si on compte Golgotha).
Pour les gros robots, il y a au moins une histoire derrière eux. C’est pas forcément le “ho je trouve un mecha, ho mon village/peuple est attaqué, ho je suis un as du pilotage alors que j’ai 10 piges”. Mais il faut avouer que la raison principale pour laquelle ils sont là est parceque l’univers s’y prête et que les japonais sont fans de mechas.
Enfin, pour le héros avec une face cachée, c’est certes cliché mais également bien justifié dans l’univers (le pouvoir ne lui vient pas d’un coup sans explications on a une looooooongue explication du problème), à ce niveau là je trouve que ça en devient plus une affaire de goût (tel archétype te parait désuet) qu’un réel problème.
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Echy a bien expliqué la chose, je rajouterais que Fei en étant le type de persona qu’on connaît est amené à douter et ne pas faire de choix et son parcours est une quête d’identité et de but (il commence le jeu en étant amnésique et sans véritable passé social) et doit se chercher et se trouver, de même que l’histoire des personnalités est bien pensé et correspond à une symbolique puissante des théories psychnanalitiques de Freud notamment (“Je dois devenir où Ca est”). Le jeu est autant façonné par son système que par son évolution narrative et scénarisitique, puisqu’il mise énormément sur la symbolique.
Quant à l’histoire de Bart, elle est franchement bien, le passage rappelle Dune et la famille Fatima est liée à Lacan, donc tout se recoupe, c’est même dans l’ordre des choses et du point de vue de la chronologie un retour du même (de manière différente) qui s’explique tout à fait. C’est un premier point d’appui pour Fei et la découverte de l’Autre, tout comme il s’agit d’une phase de transition qui évoque bien entendu ces passages rituels dans tout RPG classique qui se respecte, à ceci près que Xenogears joue en permanence avec les codes du genre et de ses aînés sans jamais les renier.
Fei tout comme le joueur découvrent un monde inconnu et au hasard de leurs péripéties (il y a cependant des déterminismes qu’on découvre plus tard et permettent de renverser les situations ou d’avoir de nouveaux plans de lecture) mettent bout à bout des éléments liés et cela débouche sur la création d’un monde et d’une mythologie commune, un passé qu’on arrive finalement à actualiser et à faire revivre, tout en l’amenant à son point de non retour et à sa conclusion, le dépassement de toutes les situations en une seule.
Au fond c’est une quête existentielle qui débouche sur la grande question métaphysique. Donc je ne suis pas choqué par le processus qui comme dans un roman nous fait vivre une aventure et une vie dans ses errements et nous amène par de profonds bouleversements à la détermination de l’être et au basculement de ce qui semblait acquis dans un devenir.
Enfin, je trouve la narration très osée puisque le jeu prend le parti de perdre le joueur et d’être exigeant avec lui pour l’amener vers un dénouement qui expliquera et donnera de la logique aux mystères posés et ancrés historiquement dans l’histoire et le monde développés. Cela peut être vu comme de la prétention ou du foutage de gueule, personnellement je trouve ça intelligent et efficace et je trouve qu’il est rare de voir un travail aussi ambitieux et qui demande au joueur de faire un effort, et forcément ça peut rater auprès de certains. Cependant, je crois vraiment que Xenogears est en adéquation entre fond et forme, du moins dans certains domaines. Xenogears correspond pour moi à la diversité de mes références culturelles et me parle vraiment. Il me suffit même d’entendre une note de sa bande son pour me replonger directement, et sans forcément de nostalgie, dans sa puissance évocatrice.
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Certes non, mais le “un peu” me semble exagéré, XG est probablement dans les meilleures OST de Mitsuda (je dirais bien de RPG tout genre confondus mais ça serais purement subjectif) et à une empreinte très forte sur le jeu, bien plus que ce qu’on est en droit d’espérer d’une OST normale.
J’irais pas jusque-là (je préfère l’OST de CC par exemple), et je pense que le “un peu” est approprié. Même en étant dans les meilleures OST et tout, si le jeu n’avait pas eu son scénar mais avait eu ses musiques telles quelles il aurait fini aux oubliettes. Toutes belles qu’elles soient elles ne suffisent pas.
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“Il y en a, oui, mais c’est le lot commun des RPG que de commencer paysan et de finir en être quasi-divin (je caricature mais comme tu le dis : on va toujours commencer par cultiver les radis de mamie Yvette pour en arriver, 60H plus tard, à tuer la monstruosité cosmique qui menace la planète).”
Certes, mais comme je l’ai souligné, le problème ce n’est pas tant la digression que la sensation d’être promené par le scénario sans avoir de but quelconque en rapport avec le scénario.
Dans Lunar 1, monstre de classicisme, on commence effectivement dans un village et on finit par sauver le monde, mais au bout d’une heure de jeu, on est balancé sur la quête épique du jeu : trouver des dragons, devenir Dragonmaster, sauver le monde et Luna par la même occasion. Je trouve que la progression est donc plus vivante, plus épique, moins pénible. Maintenant il est clair que n’ayant pas aimé Xenogears, en tant que jeu (combats et exploration), ça doit m’influencer en mal sur le scénario qui me paraît à son tour chiant à suivre. Mais bon n’empêche que je trouve le déroulement de ce jeu lourd…
Dans Xenogears, traverser la tour de Babel a un sens, car on va à Shevat, dernier bastion de la résistance contre Solaris, dernier lieu où le père de Fei a été aperçu, la tour elle-même est environnée de mystère et cette phase de jeu est donc intéressante. Sauver Margie et le royaume de Bart, ça t’est présenté dès le début par Citan comme une activité bouche-trou pour que Fei ait quelque chose à faire de sa vie. Rien d’épique là-dedans, et surtout, eu égard aux messages cryptiques balancés par le Gazel, aux interventions de Grahf ou à celles de Wiseman, on sent que derrière tout ça y a quelque chose de plus, alors pourquoi on passe 40 heures de jeu à reprendre le trône de Bledavik, à tenter de fuir le bloc des prisonniers de Nortune, à chasser des Wels dans un bateau. Le pire dans tout ça est que dès que les événements bougent vraiment et que ça devient intéressant, on perd le contrôle du jeu faute d’un budget suffisant ! Moi ça ne me dérange pas car je trouve le jeu chiant, même sans ça, mais quand même, si les développeurs avaient pas perdu leur temps sur des rebondissements aussi soporifiques que ceux du début, on les aurait joués ces événements ! Ceci dit je trouve que la partie dialoguée du jeu est la meilleure, non seulement parce que ça nous épargne le gameplay qui me gave personnellement, mais également parce que je trouve la manière dont c’est fait très classe. Et la relation Fei/Elly ne me semble jamais aussi belle qu’au moment où tu les vois tour à tour donner leur point de vue, décrire leurs réminiscence. Il y a beaucoup de poésie dans ces scènes je trouve, c’est énorme. Ca rejoint d’ailleurs ce que j’ai souvent tendance à penser, à savoir que c’est quand on a le moins de moyens qu’on fait preuve du plus d’ingéniosité pour faire des trucs originaux et cool.
Pour en revenir à la structure de Xenogears, on a la structure classique du RPG, certes, mais à la différence près qu’on est promené par le scénario et que ce qu’on accomplit pendant les 3/4 du jeu est sans rapport avec la quête principale, et quand c’est le cas c’est simplement le fruit du hasard (passage à l’Ethos, épave qui dérive juste à côté d’AQUVY…). Je ne parlerai pas de la rencontre des différents personnages, qui elle, est très rapidement justifiée par le fait qu’ils étaient tous attirés inconsciemment autour du Contact. Comme je disais, ça ne me dérange pas de traverser des montagnes et des forêts tant que je poursuis un but qui en vaut la peine.
C’est bien que le Perfect Works aborde le cas des Anima et des Animus, car j’ai absolument rien compris à cette partie de l’histoire je dois dire.
« (à part pour UN moment particulier – deux si on compte Golgotha). »
Si tu parles du Chu-chu crucifié à la fin du jeu, avec les autres, j’ai trouvé la présence du personnage complètement décalée. >D Ca m’a bien fait marrer je dois dire.
« Pour les gros robots, il y a au moins une histoire derrière eux. »
Ah ça je dis pas. Une histoire tellement tarabiscotée que j’ai rien compris. Mais bon ça aurait pu être des arrosoirs, ça aurait été pareil. Là, le coup du robot géant, c’est typiquement un truc d’animation japonaise, ce que tu reconnais toi-même.
« à ce niveau là je trouve que ça en devient plus une affaire de goût (tel archétype te parait désuet) »
Ben le truc c’est que c’est pas seulement un type qui a une face cachée, c’est un type qui a une super transformation dissimulée qui fait de lui une espèce de super combattant de la mort qui tue. Et ça, c’est un archétype typiquement manga de jeunesse (Dragon Ball, pour ne citer que lui). Alors évidemment que niveau scénario le comment et le pourquoi défoncent tout (heureusement d’ailleurs ^^), mais comme pour les gears, ça m’ennuie un peu qu’un jeu qui se veuille aussi profond ne se détache pas plus des codes très conventionnels de l’animation japonaise (codes, qui, en soi, ne me dérangent pas plus que ça d’ailleurs).
Enfin bon, après, comme le dit Daku, ça reste un RPG. Mais il y a de très bons RPG qui ne sombrent pas dans de tels clichés, et j’aurais donc trouvé normal que Xenogears en fasse partie, étant donné la qualité indiscutable de sa trame de fond.
En ce qui concerne Mitsuda, je préfère clairement son travail sur CT et CC, où les mélodies ressortent plus, je trouve (et sur CC, on a en plus une bien meilleure qualité niveau instruments). Mais au final je connais peu Mitsuda en dehors de son travail sur ses trois jeux (et un peu sur Shadow Hearts), et Xeno est celle que j’aime le moins dans le lot (les thèmes “spéciaux” sont pour la plupart superbes, malheureusement les thèmes de lieux, eux, me tapent en général sur le système (mention spéciale pour cette musique : http://www.youtube.com/watch?v=pLZS9hS3TKo&feature=PlayList&p=2FD45A587400945C&index=16 , omniprésente dans le jeu et qui me saoule au plus haut degré)).
Daku : Je vais pas reprendre tout ce que tu as dit, mais grosso modo, ce que j’en retiendrai, c’est que malgré le fait que ton analyse sur l’intrigue soit intéressante, ça me semble quand même être beaucoup d’interprétation personnelle et le désir de voir de la complexité là où moi je vois simplement des problèmes de narration. Des problèmes que Takahashi a d’ailleurs beaucoup gommé sur Xenosaga, je trouve (surtout dans le trois… qui n’est pas de lui, tiens ^^). (Série que je trouve moins complexe que Xenogears, mais beaucoup mieux racontée et intéressante à suivre.)
Personnellement, je n’ai pas trouvé qu’il y avait plus de profondeur dans la manière dont sont contés les événements dans Xenogears. Parce que le choix de ne rien dévoiler au joueur n’est pas tant assumé que ça, sinon ils auraient poussé l’idée jusqu’au bout en supprimant les scènes du Gazel Ministry, que le joueur (qui est censé être Fei) n’a a priori aucune raison de voir. Là où tu vois de la symbolique, j’ai vraiment du mal à y voir plus qu’une narration mal pensée et pas vraiment passionnante à suivre.
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Les passages du Gazel & co c’est justement là pour ne pas avoir un vieux deus ex machina moisi. Et puis ça intrigue, ça interroge, le joueur se dit que peut-être qu’il y a des choses qui lui sont cachées, c’est le mystère. Il est convié à se faire le complice de ces gens de pouvoir sans pour autant tout savoir et lorsqu’on les rencontre vraiment on comprend leur implication et on est encore plus sur le vif.
Et sans l’approche symbolique tu loupes une bonne partie de la force du jeu, et c’est pas la lecture du PW qui va t’apporter cette compréhension. Après la symbolique n’est pas systématique, parfois même involontaire, mais avoue que les références visuelles et linguistiques ne sont pas là par hasard. Le jeu dans sa structure n’échappe pas non plus à ça.
Enfin bon, on a bien compris que tu étais particulièrement exigeant. Cela dit, je trouve ça assez mal aisé de porter autant atteinte à la narration de Xenogears quand tu lui préfères Chrono Cross. Ce dernier a vraiment une structure narrative horrible, totalement éclatée, etc. C’est bien simple j’ai quasiment rien compris et même en ayant capté certains enjeux et le background général j’ai toujours pas compris la progression et l’intérêt de se farcir des dragons à la chaîne pour aboutir sur Lavos et délivrer Schala et finir le jeu sur une vidéo incompréhensible de Kid dans le monde réel. Tu vois moi aussi je peux y trouver de l’absurde.
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mais avoue que les références visuelles et linguistiques ne sont pas là par hasard. Le jeu dans sa structure n’échappe pas non plus à ça.
Ben pour moi elles ne sont pas hasardeuses mais totalement gratuites, en fait, à part l’idée toujours sympathique d’un dieu manufacturé, qui fonctionnerait aussi très bien sans le namedropping judéo-chrétien. Je trouve que la plupart des références religieuses alourdissent au contraire le jeu au lieu de lui apporter quelque chose.
Je suis d’accord pour dire que le scénar de CC est un beau bordel mais en fait je le préfère quand même, je trouve que ça prend mieux à part quelques errements sur la fin. Il faut dire que le jeu a une ambience qui me touche plus que Xenogears, qui trouve jamais vraiment sa place entre les emprunts flagrants d’animés et de religions. Il aurait gagné à moins se disperser. C’est d’ailleurs aussi un problème du xenosuivant.
En passant je vais bientôt recevoir un autre jeu de Monolith soft, curieux de voir ce que ça va donner. D’après les tests enthousiastes que j’ai lu il est entièrement sauvé par le fait qu’il est très con et se concentre entièrement et joyeusement là-dessus.
EDIT: Endless Frontier, donc
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« Enfin bon, on a bien compris que tu étais particulièrement exigeant. Cela dit, je trouve ça assez mal aisé de porter autant atteinte à la narration de Xenogears quand tu lui préfères Chrono Cross. Ce dernier a vraiment une structure narrative horrible, totalement éclatée, etc. C’est bien simple j’ai quasiment rien compris et même en ayant capté certains enjeux et le background général j’ai toujours pas compris la progression et l’intérêt de se farcir des dragons à la chaîne pour aboutir sur Lavos et délivrer Schala et finir le jeu sur une vidéo incompréhensible de Kid dans le monde réel. Tu vois moi aussi je peux y trouver de l’absurde. »
Bon je vais vite répondre à ça en premier pour évacuer ce bout de ta réponse car ça me saoule ce genre d’attitude. Je passerai outre le fait que j’ai jamais prétendu que le scénario de Xenogears était absurde (sauf sur le point des coïncidences, ce qui doit même pas faire trois lignes dans mes posts) pour me concentrer sur la raison d’un tel emportement. Limite on dirait que tu prends les critiques que je fais à Xenogears comme si c’était des insultes qui t’étaient personnellement adressées et tu te vexes.
J’ai quand même le droit de pas aimer Xenogears, tout en ayant l’envie d’en discuter. Franchement, vu le nombre de fois où on se tape des « XENOGEARS BEST GAME EVER », et où ça ne dérange personne, qu’un mec comme moi vienne de temps en temps tenter de descendre le mythe de son piédestal, arguments en main, je vois pas ce que ça fait. J’ai pas envie de venir sur ce forum pour que toi et moi on se prenne par la main en se regardant dans le blanc des yeux pour se dire :
« – Ce jeu est super
– Mais non, il est super génial même. »
Si ça te saoule que je m’évertue à descendre un jeu que t’aimes, t’es pas obligé de me répondre. Franchement, ça fait longtemps que j’ai des griefs contre ce jeu et je passe pourtant pas mes journées à le descendre (j’ai bien mieux à faire et je ne fais pas ça pour le plaisir d’emmerder les fans, si une telle idée avait pu te traverser l’esprit, ce que je commence à croire quand je vois ta réflexion sur Chrono Cross). Si j’ai lancé le sujet (involontairement, juste en répondant au message de Vertumne), c’est uniquement car je venais de refaire le jeu et que je tente de comprendre pourquoi je suis toujours aussi hermétique au jeu là où certains y voient la consécration du RPG à la japonaise. Ca te saoule de voir que je refuse d’adhérer à ton point de vue, que je me montre borné ? Mais dis-toi que de mon côté aussi je sais bien que je te ferai pas changer d’avis, que mon avis beaucoup trop négatif pour être objectif est plus que largement compensé par ton interprétation sans doute beaucoup trop idéalisée du jeu. C’est pas grave, ça m’empêche pas pour autant de lire avec intérêt vos plaidoyers envers ce jeu, car j’ai conscience que ma vision de l’intrigue est très subjective et influencée par le fait que d’autres éléments négatifs (à mes yeux) parasitent mon point de vue sur ce scénario. Je l’ai déjà admis, et je vais développer ça : bien que j’en voie la richesse et la complexité, l’intrigue de Xenogears, une fois posée dans le jeu, m’ennuie, et donc je tente de comprendre pourquoi en en discutant ici. Peut-être que j’ai tort et que la narration du jeu est assez classique, mais que c’est mon ennui face au gameplay qui me rendent peu réceptifs au scénario. Je me pose la question, d’où cette discussion. Maintenant si ça te saoule qu’on touche à ton jeu préféré, je te force pas à me répondre. Si c’est pour me taper ce genre de commentaires navrants composés de « T’as attaqué mon jeu préféré alors je vais attaquer le tien », je crois que c’est inutile de perdre ton temps et de me faire perdre le mien par la même occasion. Si en revanche tu as de vraies réponses à donner (ce que tu avais fait jusque là, ce dont je te remercie), ou de vraies questions à poser ou critiques à formuler sur CC, alors je t’invite à me les donner car ça m’intéresse. Si t’as pas la patience de voir que ton point de vue ne fera pas mouche et que de toute façon je changerai pas d’avis (c’est pareil de ce côté-ci de l’écran tu sais), bah inutile de répondre. Je t’en voudrais pas. Je sais que c’est pas agréable de voir un truc qu’on aime se faire descendre, mais faut quand même prendre un peu de recul quoi.
Bon, (long) aparté bouclé, je rebascule sur le sujet intéressant :
« Et sans l’approche symbolique tu loupes une bonne partie de la force du jeu, et c’est pas la lecture du PW qui va t’apporter cette compréhension. »
Mais quelle symbolique ? Le jeu en regorge, et sur beaucoup de points je serai d’accord avec toi. En ce qui concerne toute la narration et ta description enflammée, bien que je trouve la théorie séduisante, je pense effectivement que c’est une interprétation personnelle qui est peu corroborée dans le jeu. Par conséquent, oui, je rate cette symbolique, mais la raté-je parce que j’ai pas voulu la voir ou parce qu’elle n’a jamais été là ? Par ailleurs, au delà de ça, je pense que la symbolique ne doit pas empiéter sur la qualité du déroulement. Or là l’intrigue laissée au hasard des
« Après la symbolique n’est pas systématique, parfois même involontaire, mais avoue que les références visuelles et linguistiques ne sont pas là par hasard. »
J’ai tendance à laisser de côté tout ce qui n’est pas volontaire et à ne garder que ce qui est clairement voulu par l’auteur. Je ne faisais pas ça avant mais j’ai des vices de déformation professionnelle qui font que je piste beaucoup plus l’intention que ce qui arrive au final. Je ne sacrifie jamais l’interprétation mais j’évacue tout ce qui est avec certitude hors propos. Si une symbolique émerge et qu’elle n’est pas volontaire, alors je la trouverai carrément moins percutante car le fruit du hasard et non d’une intention.
Les références, je ne dirais rien dessus, j’attendrai d’avoir parcouru le Perfect Works, mais il est vrai que, comme pour Chev, je me suis interrogé sur certains noms, que ce soit des Ramsus (Ramses), Seraphita, Shevat, ou bien sur des personnages plus secondaires comme Verlaine (???). Tout ce qui se rapproche de la religion chrétienne, j’ai trouvé ça sympa car même si ça n’a pas grand chose à faire dans cet univers fictif qui n’est pas le nôtre, ça tape directement là où ça fait mal. ^^ Par contre je me suis un peu perdu dans les noms de tout ce qui touche de près à Deus.
A commencer par le Zohar. Pourquoi ce nom ? Selon ce que j’ai cru en comprendre, c’est là-dedans qu’ils ont enfermé la Wave Existence. On rapprocherait donc ça du Zohar par le biais de l’arbre des Sephiroth (qui est, si mes immenses connaissances en kabbale sont exactes, censé conduire l’homme à devenir Dieu lui-même, donc dans Xenogears une Wave Existence ?).
En fait le jeu des références (ce que j’appelle l’intertextualité, toujours par déformation professionnelle), c’est un sujet bien complexe. _ C’est dur de dire si elles sont toujours justifiées ou pas, car il ne faut pas prendre en compte le rapport que l’emprunt a avec le truc original mais le but recherché (ce qui est parfois bien différent).
Genre le Zohar, on aurait pu l’appeler autrement, ça aurait strictement rien changé, mais là, foutre la Wave dans un truc nommé Zohar, ça peut laisser à imaginer qu’on peut soi-même devenir une forme d’existence similaire en franchissant les « paliers » décrits dans la kabbale.
En fait via le partage culturel et le fond commun, une référence un peu gratuite et pas absolument nécessaire peut trouver un nouvel intérêt et avoir son sens actualisé. (Certains auteurs sont passés maître dans cet art du « plagiat légalisé ».)
Camarade Chev, Monolith a fait les Baten Kaitos, ils sont super !
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Je crois que j’ai dû toucher un point sensible, visiblement, car mon intention n’était pas celle que tu me prêtes. Je suis tout ouvert à ton point de vue que je trouve intéressant et que j’accueille volontiers. Je montrais l’absurdité relative de ton raisonnement car s’il est vrai que tu es exigeant, et c’est très bien, je ne comprends pas comment tu peux autant remettre en question un jeu qu’on sait tous plus ou moins bourré de défauts alors que tu cautionnerais un autre jeu qui m’est apparu autant subjectivement qu’objectivement pire dans sa narration. Après je prends effectivement un jeu que tu aimes beaucoup (et que j’aime beaucoup aussi) puisque c’est quelque chose de fort. Je suis même très conscient du fait que le jeu a des défauts mais je les ai personnellement dépassés depuis longtemps.
Par exemple, j’ai accepté cet univers où se mélangent références bibliques en forme de name-dropping et gags purement vidéoludiques, et ce parce qu’au finale l’histoire et la construction du jeu laissent à voir quelque chose de plus profond et de construit dans une certaine logique qu’il faut tenter de comprendre.
Ainsi, même si nous serons d’accord pour dire que Takahashi n’a rien d’un bon écrivain de science-fiction il a aussi su mettre en commun des références d’univers différents (une culture populaire nippone, des mythes ancestraux, un visuel typé, de la SF, etc) pour créer quelque chose de cohérent qui puisse être intelligent (ou évolué par rapport au média qu’est le jeu vidéo, bien connu pour sa simplicité d’alors) et s’insérer dans le cadre du jeu vidéo. D’où une certaine ambivalence entre certaines prétentions littéraires ou cinématrographiques et un mode d’expression réducteur et une approche naïve.
D’où nécessairement le souci de distinguer les choses et de repérer les éléments utilisés et leur type. Xenogears est clairement un RPG et nous en retrouvons les éléments, mais c’est aussi plus que cela et on sent bien une volonté derrière chaque chose de donner au tout une substance de mythe moderne et actualisant les mythes anciens. Traitant aussi de la psychanalyse et de la philosophie dans ses thèmes et références, Xenogears par ses propres moyens jalonne son intrigue de moments-clefs, de symboles, d’événements, d’éléments qui sont là pour servir l’action en tant que telle mais aussi en même temps quelque chose en plus par le biais de l’évocation et de l’imagination. Le scénario peut très bien se lire comme tel, de manière terre à terre, brute, ça ne changera pas ce qui se passe dans le jeu. On peut aussi y voir différents niveaux de lecture et ceux-ci existent bien par la preuve même que les développeurs ont choisi un langage et une imagerie bien spécifiques et cela permet de comprendre plus en profondeur les relations qui existent entre les personnages et les enjeux.
L’exemple le plus frappant est celui de la transmigration des âmes, la lignée du Contact (notamment Lacan), qui font intervenir des notions psychanalitiques qui renforcent les choses et comme dans ce domaine on voit qu’il y a un jeu sur les signifiants, les signifiés et les référents. Xenogears utilise par divers moyens (métaphore, métonymie, etc.) des éléments du réel, de notre inconscient collectif si l’on puit dire ainsi, des archétypes comme le disait justement Echzechiel, pour mieux donner du sens et du mouvement à son propre déroulement. En cela, Xenogears qui peut paraître kitsch en surface est en fait pensé comme la continuation des thèmes classiques occidentaux et s’en veut une réinterprétation ou un dépassement. On pourrait dire que c’est abstrait, que ça reste un jeu vidéo, et c’est justement ce qui fait l’identité et la particularité de Xenogears : c’est un jeu qui pour raconter une histoire ancrée dans un esprit “littéraire” fait de son mieux avec les codes de chaque source d’inspiration et de son état de jeu vidéo, liant différentes cultures en une aventure qui les dépasse dans son propre mouvement.
Au fond, tu as raison de parler d’intertextualité, c’est un rhizome qui a des interactions en permanence en son extérieur avec tout un pan de culture déjà existant et qui lui insufflent une âme et en son intérieur avec la propre histoire qu’il veut développer. Chaque élément est pris dans un certain nombre de racines qui partent de différents ailleurs et le tout essaye de fusionner en un point via l’identité de Xenogears pour devenir unique et ne se référant seulement à Xenogears qu’après coup. Pour faire clair, le personnage de Fei suit la logique de l’histoire de Fei mais représente en même temps un concept de la psychanalyse et au bout d’un moment les deux ne font qu’un et sont pris dans le contexte de Xenogears, ils sont tout autant indépendants que propres à Xenogears. Xenogears crée et s’approprie des idées et est structuré comme un jeu vidéo qui essayerait de devenir son propre mythe en consumant des références extérieures.
Si l’on passe à côté du symbolisme on passe à côté d’une façon d’envisager et de comprendre la structure du jeu. Un autre exemple est Zohar qui par sa forme rappelle et est en même temps le monolithe de 2001 l’odyssée de l’espace. On pourrait se dire que c’est un clin d’oeil léger, que ça ne veut rien dire, sauf que si l’on ne prend pas la peine de comprendre ce que Zohar prend à 2001 et comment il réinvente son mythe alors on ne comprend tout simplement pas pourquoi Takahashi a foutu un monolithe doré dans son histoire et tout ce qui en découle. De même qu’on doit pouvoir saisir l’essence du film sus-cité pour comprendre et ressentir tout autant comment Xenogears réinterprête, replace, reconfigure une idée stylisée du monolithe et en fait son Zohar. Il ne s’agit pas alors d’y voir une intellectualisation du jeu ou un pur vol mais plutôt d’un procédé d’écriture et de construction d’une épopée comme un tout unique aux multiples dimensions et qui permettrait de créer une nouvelle fiction à partir d’un ensemble de références prenant un sens nouveau en balisant à intervalles réguliers l’imaginaire, le cadre et les contours du jeu. Et ce peut être plus ou moins bien harmonisé, contre-balancé, lié, mis bout à bout et il peut s’agir aussi bien de références sérieuses que de purs délires des codes du mangas qui auront au moins le mérite de donner à un jeu à vocation grandiloquente et gonflée le moyen de se moquer de lui-même et donc d’accepter aussi sa bancalité, car il n’est pas simple même dans le meilleur des collages surréalistes de faire quelque chose d’assez parlant et structuré à partir du chaos pour qu’il ait son propre sens à lui. Le fond et la forme de Xenogears luttent entre eux, se contraignent et on voit bien que si le format du jeu vidéo impose un certains nombre de limites de l’autre côté cela participe aussi dans l’élaboration de la spécificité du titre.
Je pense aussi que l’équipe du jeu n’a rien d’une équipe d’érudits et que tout a été repris peut-être au hasard mais de façon à ce que ça s’intègre et que ça donne du sens au tout, que ça aille bien avec le reste. Je pense qu’il y a un fil conducteur et beaucoup de rajouts plus ou moins volontaires/conscients et que le résultat montre combien l’ensemble se tient et comment la plupart des éléments ont malgré tout une influence sur le reste et qu’il y a aussi des déterminismes.
Sinon pour Zohar (par de “le” selon Echzechiel, verset n°... ahem) je trouve ta réflexion intéressante, cela dit je pense que le nom se référant au livre des splendeurs qui traite de la mystique juive et des mystères de l’univers, Zohar a dû être nommé ainsi parce que c’est le seul élément du jeu dont on ne connaît pas l’origine à proprement parler et qu’il est connecté à la dimension de la Wave Existence, d’où l’idée qu’il est un mystère en soi et qu’il a une dimension divine autant comme artefact étranger à l’homme que comme réceptacle ou transmetteur avec un plan d’existence supérieur.
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”The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman”
Je crois que tu surestimes complétement la profondeur du truc. En même temps si tu arrives à caser “rhizome” à propos d’un jeu vidéo ça dénote une tendance à extrapoler un peu trop loin… Xenogears n’a rien de littéraire, c’est juste un jeu qui pioche allégrément dans le symbolisme qui était populaire dans les animés à l’époque et ne s’en sort pas trop mal. Braid fait bien plus pour l’aspect littéraire du jeu vidéo rien qu’en un niveau jouant sur un narrateur non fiable que le fait xenogears en dix mille tartines de texte.
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The delivery is justice, and as you know all too well, nothing stops the mail
Je parle de comment est structuré le jeu et comment sa narration réussit à créer quelque chose de profond pour un joueur qui le vit comme ça bien entendu, ça demande un minimum de réflexion. Ne venez pas me dire ensuite que je fais aucun effort pour détailler un fonctionnement et pour montrer pourquoi et comment on peut apprécier Xenogears. Je suis d’accord avec ce que tu dis mais encore faut-il pouvoir démontrer, démonter, déconstruire une expérience et la resituer, l’expliquer. Sinon il n’y a pas de débat, on en reste aux pour et contre le fait que ce soit bien narré selon notre humeur, notre avis et comment se couche le soleil à notre fenêtre. Si on commence à réfléchir sur une oeuvre on décide de lui prêter un certain crédit et on part forcément de certains postulats. Je suis conscient que ça paraisse une intellectualisation exagérée, mais elle est nécessaire pour montrer l’ensemble d’une idée qu’on se fait et comment on peut voir et penser un système, en l’occurrence celui de Xenogears. Je répète quand même une énième fois que ce n’est qu’un jeu vidéo et qu’il a des défauts : son gameplay qu’on peut juger classique, ses commandes, sa 3D, ses graphismes, sa prétention, etc. Pourtant il a bien été conçu sous certains angles particuliers et si on arrive à y trouver du plaisir c’est qu’il y a aussi quelque, peut-être, qui mérite d’y faire plus ample attention. Je conceptualise pour mieux donner à penser la chose, je vais au bout d’un raisonnement, avec mes mots et mes propres limites.
Et justement je ne dis pas que Xenogears est littéraire ou intellectuel, il en prend les thèmes, une culture et ça participe de son ambition.
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”The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman”
« Je crois que j’ai dû toucher un point sensible, visiblement, »
En ce qui concerne l’attitude, oui, mais pas en ce qui concerne Chrono Cross. Chrono Cross je suis volontiers prêt à lui reconnaître que des choses vont pas. Et je dirais même que c’est un jeu finalement moins débattu que Xenogears, donc ça m’intéresserait d’avoir l’avis de ceux qui lui trouvent des faiblesses dans sa construction. Genre aller s’emperler les dragons uns à uns, chose que tu évoquais, c’est pour moi un passage à vide du jeu qui rappelle les tristes heures des RPG où on s’enchaîne des donjons élémentaux, même si là c’est mieux contextualisé. D’autant plus qu’on est franchement pas aidés pour trouver ces dragons (notamment le dragon de terre, celui avec la flûte du célèbre Beeba). Maintenant point de vue structure du scénario j’ai trouvé ça beaucoup moins pénible que Xenogears dans l’ensemble (les dragons n’étant qu’une petite partie du jeu) et je suis prêt à écouter ce que tu as à en dire. Seulement tu ne développes pas, tu prends seulement à parti Chrono Cross. D’où ma question : Quel est l’intérêt d’en parler ?
Ce qui me pose problème dans ton message (et qui m’a fait penser que c’était une réponse bête et méchante), c’est que je vois pas ce que CC vient faire là en fait. On dirait que tu « prends en otage » le jeu que j’aime pour faire le mécréant comme moi et me montrer que tout le monde peut être aussi méchant que moi et être aussi arbitraire. Seulement non seulement ton avis sur CC est expéditif et caricatural (là où mon avis sur Xenogears est un minimum développé et basé sur mon expérience récente du jeu), mais en plus je ne vois tout simplement pas comment on peut défendre Xenogears en parlant de Chrono Cross. C’est pas en disant « y a la même chose dans CC » que ça dédouane Xenogears, donc je vois pas trop ce que ça vient faire là. Si tu avais quelque chose à me dire sur ma subjectivité, j’aurais aimé que tu me le dises directement, et pas que tu « prennes en otage » un jeu que j’aime en le caricaturant (ce que je ne me suis certainement pas permis de faire vis-à-vis de Xenogears) pour le faire. Moi j’y vois juste une petite attaque, d’autant plus que tu égratignes seulement Chrono Cross, sans même prendre la peine de m’expliquer tout ce que tu m’expliques maintenant. C’est ça qui me gêne. Dans le meilleur des cas, c’est la volonté de persuader, or moi je veux être convaincu.
Puis y a le ton global de ton message qui m’a semblé saoulé, genre ta première phrase « On a bien compris que tu étais très exigeant », phrase que moi je traduis par « on voit bien que tu n’aimes pas Xeno. » (au passage je me trouve pas du tout exigeant vu mes goûts pour le moins très classiques), ou ta dernière phrase « Tu vois moi aussi je peux y trouver de l’absurde ». Le « tu vois » qui me prend à parti (mais je le sais que le message m’est adressé !) reflète bien le désir de me toucher. Puis la caricature amène à tourner au ridicule, et donc implique également une forme d’agression, désolé.
Bref, cette partie de ton message semble saoulée par la tournure que prend la discussion et caricature mon propos en utilisant Chrono Cross sans raison valable à mon sens, ce qui m’a fait dire que c’était une attaque plus qu’un véritable argument. Passons.
« Je montrais l’absurdité relative de ton raisonnement car s’il est vrai que tu es exigeant, et c’est très bien, je ne comprends pas comment tu peux autant remettre en question un jeu qu’on sait tous plus ou moins bourré de défauts alors que tu cautionnerais un autre jeu qui m’est apparu autant subjectivement qu’objectivement pire dans sa narration. »
Déjà je souligne que j’aurais aimé que tu me dises ça directement plutôt que de jouer à fond la carte de la caricature. Sinon, ben… développe. Je ne trouve pas que Chrono Cross soit si loupé que ça en terme de structure de l’intrigue (même s’il a ses défauts), alors dis-moi précisément ce qui t’a gavé dans la manière dont se déroule l’intrigue ? Donne des exemples, précise ton point de vue, la totale quoi ! Il a ses propres passages à vide ce jeu, et je suis sûr qu’en en discutant, on tomberait d’accord sur certains trucs. Par contre en terme de scénario, je le trouve clairement moins déstructuré et capillotracté que Xenogears, mais bon, c’est à débattre. (Le « objectivement » de ta dernière phrase est, à mon avis, de trop.)
« Ainsi, même si nous serons d’accord pour dire que Takahashi n’a rien d’un bon écrivain de science-fiction »
Ben justement, s’il avait viré au minimum toutes les références à la culture populaire japonaise (tout ce qui est animation) et réorganisé un peu le texte, je pense que Xeno aurait pour ma part sans doute fait un meilleur récit à lire qu’à jouer. (Bon, la qualité d’écriture n’aurait pas forcément été au rendez-vous, mais c’est quelque chose qui est devenu assez secondaire dans beaucoup de genres, alors ça passe.)
« Xenogears est clairement un RPG et nous en retrouvons les éléments, mais c’est aussi plus que cela et on sent bien une volonté derrière chaque chose de donner au tout une substance de mythe moderne et actualisant les mythes anciens. »
Pourquoi ? Il se contente de repiocher des noms à droite à gauche, de reprendre opportunément un truc qui marche bien à l’époque (Evangelion), et j’ai absolument pas la sensation d’une vision de mythe nouveau et ancien que tu lui donnes.
« comme dans ce domaine on voit qu’il y a un jeu sur les signifiants, les signifiés et les référents. »
Quel jeu ? Je veux dire, pour reprendre un peu ce que dit Camarade Chev, tu cases des termes philosophiques du genre « rhizome » pour définir un truc qui en fait ne l’est pas vraiment. Ici, tu emploies la nomenclature linguistique saussurienne alors qu’au final il est juste question de jeux de référence via des noms. Ce que font tous les RPG depuis la nuit des temps. La particularité de Xenogears c’est de piocher un peu partout. Mais est-ce que ça a toujours du sens d’en appeler à la culture du joueur ? Parce que quand ça en a, je veux bien, mais souvent, c’est totalement gratuit et embourbe plus le jeu qu’autre chose car ça fait perdre de vue la vraie symbolique et le sens à révéler de certaines références.
« On peut aussi y voir différents niveaux de lecture et ceux-ci existent bien par la preuve même que les développeurs ont choisi un langage et une imagerie bien spécifiques et cela permet de comprendre plus en profondeur les relations qui existent entre les personnages et les enjeux. »
Mais pour moi, cette imagerie est bien souvent là uniquement pour « faire bien », et absolument pas pour révéler de nouveaux sens à l’intrigue du jeu.
« Pour faire clair, le personnage de Fei suit la logique de l’histoire de Fei mais représente en même temps un concept de la psychanalyse et au bout d’un moment les deux ne font qu’un et sont pris dans le contexte de Xenogears, ils sont tout autant indépendants que propres à Xenogears. »
C’est quoi la logique de l’histoire de Fei ?
Et de quel concept parles-tu ? Je crois que ça ne sera clair qu’une fois que tu auras posé la chose clairement.
En fait comme dit Camarade Chev, j’ai la sensation que tu surévalues le jeu, et j’ajouterai que ton message prend de fait des tonalités « khâgneuse » mais manque d’exemples précis. Genre cette histoire de Zohar et du monolithe de 2001. En quoi la référence permet-elle d’appréhender le scénario de Xenogears de façon nouvelle ? Tu tournes autour du pot sans jamais clairement expliquer la chose. Et je trouve que tout ce que tu dis a l’air très bien, mais reste très vague et très flou pour les gens modestes que nous sommes. ^^
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\[T]/
Maintenant point de vue structure du scénario j’ai trouvé ça beaucoup moins pénible que Xenogears dans l’ensemble (les dragons n’étant qu’une petite partie du jeu) et je suis prêt à écouter ce que tu as à en dire. Seulement tu ne développes pas, tu prends seulement à parti Chrono Cross. D’où ma question : Quel est l’intérêt d’en parler ?
Ca me gène que tu décortiques à ce point un jeu quand le jeu que tu as peut-être inconsciemment en tête comme étalon de mesure, celui que tu vas considérer incarner des valeurs justes et positives de jeu et narration, est Chrono Cross. Pardonne ma subjectivité sur toutes ces choses, il reste que de mon point de vue j’ai du mal à accepter que tu puisses accepter l’aspect brouillon de la narration de Chrono Cross quand tu te targues de pouvoir voir les défauts d’un jeu, en l’espèce Xenogears. Si tu avais le même souci de rigueur, de distance, d’analyse, tu verrais que peut-être Chrono Cross souffre autant des mêmes problèmes (semblables pour moi à ceux que tu as évoqué pour Xenogears) et ce défaut de logique m’a frappé car peut-être peux-tu te remettre aussi en question et essayer d’aborder le jeu d’un angle différent.
Moi j’y vois juste une petite attaque, d’autant plus que tu égratignes seulement Chrono Cross, sans même prendre la peine de m’expliquer tout ce que tu m’expliques maintenant. C’est ça qui me gêne. Dans le meilleur des cas, c’est la volonté de persuader, or moi je veux être convaincu.
Eh bien oui, je joue mon rôle de grand vilain, n’oublie pas que je me fais ici l’avocat du Diable !
Je passe sur l’expression de “prise d’otage” car je trouve ça assez navrant d’en arriver à un tel vocabulaire. Sois assuré que depuis le début j’ai bien soin de prendre mon interlocuteur pour quelqu’un d’intelligent et je pensais que tu n’aurais pas surinterprêté mes propos, je veux dire que tu es assez grand pour ne pas piquer une crise de nerf quand on te destabilise un minimum. Je n’ai pas dit que prendre Chrono Cross était un argument de poids ou que ça changeait quelque chose à Xenogears. Je faisais une simple remarque sur la logique de tout ça et j’aurais aimé que tu te demandes pourquoi tu aimes tel jeu alors que d’autres le critiquent. Tu peux ainsi essayer de comprendre comment et pourquoi on peut aimer la narration de Xenogears puisque tu aimes celle d’un jeu plutôt semblable au fond. Ce n’est pas l’essentiel de mon argumentation de toute façon.
Bref, cette partie de ton message semble saoulée par la tournure que prend la discussion
Non, seulement déçu de ne pas avoir la capacité de tout exprimer et de ne pas me faire comprendre. Je trouve ça aussi insultant de voir le genre de réponses où on me traite de “khâgneux” et qu’on pense que je “surévalue” ou “surestime” parce que si vous aviez bien lu ce que j’ai tenté d’exprimer, de formuler, vous auriez compris que je tente de montrer comment est pensé le jeu dans sa construction et comment on peut le penser quand on y est sensible, c’est-à-dire que j’essaye de faire autant une analyse objective des structures que de faire une analyse subjective des effets produits pour impliquer le joueur présupposé conquis. Ainsi comme je l’ai déjà dit si on veut analyser et penser un processus il faut bien prendre son objet au sérieux et donc établir des critères de réflexion et des conditions préalablement acceptées ou présupposées pour conceptualiser. Je donne forcément plus d’importance à Xenogears que dans le réel. Sinon on ne peut pas aller plus en profondeur pour comprendre les mécanismes et les idées, quand bien même elles seraient bêtes, simplistes ou encore mal pensées et mal appliquées.
Ben justement, s’il avait viré au minimum toutes les références à la culture populaire japonaise (tout ce qui est animation) et réorganisé un peu le texte, je pense que Xeno aurait pour ma part sans doute fait un meilleur récit à lire qu’à jouer.
Certainement, mais Xenogears étant un jeu vidéo il doit forcément faire avec les contours imposés par ce média. Du coup, son ensemble est bancal pour un point de vue extérieur mais dans la norme du monde du jeu vidéo, dans ses conventions, on n’est pas tellement surpris et au même titre qu’un ninja cybord de MGS on passe au-dessus et on se prend au jeu alors que ce n’est ni totalement crédible ni totalement sérieux. Le problème étant que le jeu dans son fonctionnement ludique ne te plaît pas et donc tu restes là comme un observateur frustré d’un monde encore plus ridicule puisque tu n’y es quasiment pas impliqué. Ceci dit, quand je joue je suis aussi frappé par le n’importe quoi du jeu mais d’une part j’ai tendance à trouver ça drôle et ça ne me gène pas et d’autre part je trouve ça quasiment normal pour un jeu vidéo, qu’il soit le plus ambitieux possible ou non. Enfin, quand je réfléchis au scénario de Xenogears j’évacue les bétises du jeu puisque ça n’a pas grand chose à voir. Et puisque la présence d’un robot géant est acceptée dès le départ dans l’univers de Xenogears je le prends en compte et lui accorde du crédit pour l’histoire (d’autant plus que c’est ensuite justifié dans son rôle – non dans sa forme de robot, certes -) alors même qu’un robot géant nous paraît ridicule hors de ce contexte.
Pourquoi ? Il se contente de repiocher des noms à droite à gauche, de reprendre opportunément un truc qui marche bien à l’époque (Evangelion), et j’ai absolument pas la sensation d’une vision de mythe nouveau et ancien que tu lui donnes.
Oui et non, il ne fait pas que s’en contenter, il a bien le souci de les rendre cohérent les uns par rapports aux autres et de s’en servir plus ou moins. Quant au mythe nouveau, je force le trait, mais ça ne t’échappe pas que l’histoire de Xenogears est une grande tragédie reprenant divers archétypes de toute une culture et qu’on débouche sur Dieu lui-même. Y a une sorte d’universalité en jeu et une montée de puissance dans les thèmes et enjeux. Parler du sort de l’humanité dans l’avenir et le traiter sous un angle quasi-prophétique j’appelle ça un mythe moderne. C’est aussi un mythe moderne car il reprend toute une frange de la culture occidentale et orientale et de leurs sous-cultures pour les malaxer et créer une histoire de toute pièce à partir de clichés de nos civilisations. Le tout à la hauteur d’un jeu vidéo bien sûr et c’est d’ailleurs le paradoxe qui doit te gêner, c’est que tu ne vois que mon apologie d’un certain génie (ce qui est faux) tandis que je suis conscient que ce n’est qu’un scénario de jeu vidéo mais que pour réfléchir dessus il faut en faire un sujet sérieux et donc plus important.
Quel jeu ? Je veux dire, pour reprendre un peu ce que dit Camarade Chev, tu cases des termes philosophiques du genre « rhizome » pour définir un truc qui en fait ne l’est pas vraiment.
Deleuze utilise le rhizome comme un bonne représentation du Devenir je crois, corrige-moi si je me trompe, et j’utilise cette représentation ici aussi pour l’intertextualité dont tu parlais. Y a aucune prétention philosophique là-dedans. Ca aide à conceptualiser ce qui peut se passer dans le jeu et dans la tête du joueur averti.
La particularité de Xenogears c’est de piocher un peu partout. Mais est-ce que ça a toujours du sens d’en appeler à la culture du joueur ? Parce que quand ça en a, je veux bien, mais souvent, c’est totalement gratuit et embourbe plus le jeu qu’autre chose car ça fait perdre de vue la vraie symbolique et le sens à révéler de certaines références.
Une partie du jeu s’embourbe oui, je dirais plutôt qu’aucun effet n’est créé et que par conséquent la référence est gratuite et donc pas nécessaire. Mais sur tout un plan de l’intrigue principale je suis plutôt convaincu que cela apporte du sens, ou une plus-value (en plus ou moins grande quantité et qualité, j’en conviens volontiers). Je rajouterais que comme dans l’Art il n’y a pas forcément de souci du beau, de l’utile, de l’immédiat et je trouve intéressant que le jeu ne se livre pas d’emblée au joueur et que ce dernier doive faire des efforts pour s’approprier une histoire qui essaye de tenir par et en elle-même.
Mais pour moi, cette imagerie est bien souvent là uniquement pour « faire bien », et absolument pas pour révéler de nouveaux sens à l’intrigue du jeu.
Oui mais pas que. C’est dommage de s’enfermer sur un avis, sur un seul mode d’appréhension de cette expérience. Ce n’est pas parce que ça te plaît pas ou que tu trouves ça inefficace ou inexistant que ça n’existe pas. Après comme je l’ai déjà dit on peut se passer de tout ça et suivre l’histoire comme telle et voilà. Mais c’est plus intéressant de rajouter une nappe de liant et de sens, de toute façon les noms et fonctions ne sont pas là seulement pour faire joli sinon je ne crois pas que le jeu eut été autant référencé.
C’est quoi la logique de l’histoire de Fei ?
Et de quel concept parles-tu ? Je crois que ça ne sera clair qu’une fois que tu auras posé la chose clairement.
J’en ai déjà parlé. Le split de la personnalité notamment. Ce qui correspond totalement au concept freudien de l’inconscient. C’est utilisé aussi bien comme histoire de Fei qu’on fait référence à la psychanalyse (Id, Lacan… par contre Id en jap c’est Ido comme le personnage de Gunnm et je ne sais pas si ça veut dire la même chose). M’enfin c’est pas amené au hasard puisque le traumatisme de Fei, ou celui qui l’a engendré comme persona, est basé sur le principe même du second topique freudien. Ca paraît con comme ça parce que c’est un jeu vidéo, mais à son échelle propre ça a de l’importance.
Genre cette histoire de Zohar et du monolithe de 2001. En quoi la référence permet-elle d’appréhender le scénario de Xenogears de façon nouvelle ?
L’intérêt c’est de comparer, de comprendre comment est utilisée la référence et quelles sont les ressemblances et les différences afin de voir quelle est la logique derrière tout ça et de voir si telle référence est là par hasard ou si elle a du sens et ce qu’elle apporte en plus.
De mon point de vue, le jeu se comprend bien par lui-même mais incite à aller plus loin, notamment sur les zones d’ombres, et bien sûr il n’y a pas d’étiquette ”à jouer avec un dictionnaire” sur la boîte du jeu.
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Je crois que votre différent vient essentiellement du fait que pour Lordy, la forme déprécie le fond, alors que pour Daku le fond valorise la forme. Personnellement, je pense qu’on peut envisager ces éléments indépendemments l’un de l’autre, le genre du jeu vidéo n’étant probablement pas le plus approprié pour cette collection de références qu’est Xenogears (le fait que j’aie adoré le CD2, qui n’a de jeu vidéo que le nom et est plus un livre interactif qu’autre chose, doit y jouer pour beaucoup).
Dans un tout autre genre, j’ai récemment fait Resident Evil 5 (en coop avec Warmaiden). Là, contrairement à Xenogears, on a un bon exemple de gameplay correct, bien adapté au mode 2 joueurs (même si je regrette l’inventaire à la Diablo de RE4, pour en revenir à un machin ”à base de cases” où un lance-roquettes prend autant de place qu’un paquet d’herbes) et de scénar / ambiance merdique. Le début, dans les bidonvilles, est très bien. Mais après on se retrouve dans un village d’indigènes, une cité perdue, et tout un tas de délires à la Indiana Jones, totalement clichés et surtout inadaptés dans le contexte d’une ambiance contemporaine de lutte antiterroriste et de menace bactériologique. La cerise sur le gateau étant le classique laboratoire, à un endroit totalement idiot. Et je ne parle même pas de l’identité du boss final, gigantesque erreur tant en termes de scénario que de fanservice.
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Je suis d’accord, de même pour ce que tu dis de Resident Evil 5, mais le problème qui se pose à moi c’est qu’en général je déteste les jeux mal foutus, peu ergonomiques, où le gameplay est bidon et dans le cas de Xenogears c’est que le fond est vraiment très bon et aussi que le gameplay et le déroulement sont corrects ou passables et sont ceux d’un RPG classique et je ne serais jamais allé bien loin dans le jeu s’il avait été si chiant et prise de tête, antiproductif, tueur de plaisir. A l’inverse, je pardonne à Resident Evil 5 sa bouffonerie et son gameplay non évolué parce que j’adore le gameplay établi par le 4ème épisode et qu’on s’amuse vraiment. Et je préfère largement ce qui se passe dans le 4 (alors que c’est pas fameux, mais assez drôle et cohérent) alors que le 5 est une resucée honteuse et pas du tout originale. Franchement j’aurais fait le jeu en solo je l’aurais détesté dans sa totalité.
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« Ca me gène que tu décortiques à ce point un jeu quand le jeu que tu as peut-être inconsciemment en tête comme étalon de mesure, celui que tu vas considérer incarner des valeurs justes et positives de jeu et narration, est Chrono Cross. »
Je sais pas si j’ai inconsciemment un modèle prédéfini en tête. Je ne juge pas vraiment par rapport à un jeu précis, mais à ce que j’ai pu ressentir sur d’autres RPG (et pas forcément Chrono Cross, qui n’est plus forcément mon RPG phare aujourd’hui au passage). Maintenant, on peut décortiquer Chrono Cross, y a aucun soucis là-dessus.
« Pardonne ma subjectivité sur toutes ces choses, il reste que de mon point de vue j’ai du mal à accepter que tu puisses accepter l’aspect brouillon de la narration de Chrono Cross quand tu te targues de pouvoir voir les défauts d’un jeu, en l’espèce Xenogears. »
Pour commencer c’est pas moi qui te reprocherai ta subjectivité. Si j’ai dit que ton « objectivement » était de trop, c’est uniquement car je pense que ni toi ni moi ne sommes objectifs, et pas que je te reprochais d’être subjectif alors que j’ai moi-même reconnu l’être.
Ensuite, je ne me suis targué de rien du tout. Au risque de me répéter, je cherche juste à comprendre pourquoi même le scénario de Xenogears n’arrive pas à m’accrocher dans le jeu, alors que sur le papier je le trouve très bien. Est-ce que c’est en raison d’une narration foireuse ou bien des éléments de jeu qui me rendent le tout indigeste ? Du coup je cherche des choses qui, dans le déroulement de l’intrigue, ont pu me déranger et susciter mon manque d’intérêt.
« Eh bien oui, je joue mon rôle de grand vilain, n’oublie pas que je me fais ici l’avocat du Diable !
Je passe sur l’expression de “prise d’otage” car je trouve ça assez navrant d’en arriver à un tel vocabulaire. Sois assuré que depuis le début j’ai bien soin de prendre mon interlocuteur pour quelqu’un d’intelligent et je pensais que tu n’aurais pas surinterprêté mes propos, je veux dire que tu es assez grand pour ne pas piquer une crise de nerf quand on te destabilise un minimum. Je n’ai pas dit que prendre Chrono Cross était un argument de poids ou que ça changeait quelque chose à Xenogears. Je faisais une simple remarque sur la logique de tout ça et j’aurais aimé que tu te demandes pourquoi tu aimes tel jeu alors que d’autres le critiquent. »
Ben écoute je dois être plus con que tu ne l’avais espéré, car le ton de ton message était pour moi loin d’être aussi neutre que tu l’affirmes. Ce que tu appelles « simple remarque », j’appelle ça au minimum une ironie passagère visant à caricaturer la manière dont je tentais d’analyser Xenogears jusque là. Je me demande quand même comment, à partir de « CC est super mal foutu. Regarde, moi aussi je t’en trouve de l’absurde », j’étais censé traduire par « Ta conception d’une bonne narration se basant sur CC, qui est mal foutu, il va falloir revoir les critères de qualité avant de juger Xenogears. ». Surtout que ce n’est pas nécessairement vrai. Plutôt que de me voir comme « l’interlocuteur qui est fan de CC » (alors que jamais j’ai fait une seule comparaison entre Xenogears et CC), j’aimerais qu’on s’en tienne à ce que j’ai dit. De là, si ma vision d’une bonne narration semble se rapprocher, sans que je m’en sois rendu compte, de CC, l’évoquer ne sera pas superflu, on est d’accord. Mais encore faut-il poser clairement la chose (et l’argumenter, parce que dire de CC qu’il est brouillon, c’est bien, mais me dire pourquoi, c’est mieux) plutôt que d’en passer par une ironie bien limite et pour le moins peu explicite. Dans la situation présente, CC n’a rien à voir avec ce débat, donc effectivement, je trouve cette remarque gratuite et injustifiée dans le sens où ça ne fait pas bouger grand chose et que c’est diplomatiquement mitigé dans la manière dont c’est énoncé.
Maintenant, si toi, ça te paraît tout à fait sobre et constructif comme bout de post, bah je pense que le sujet est clôt. C’est finalement moi qui vais nous éviter de perdre du temps.
« Je n’ai pas dit que prendre Chrono Cross était un argument de poids ou que ça changeait quelque chose à Xenogears. Je faisais une simple remarque sur la logique de tout ça et j’aurais aimé que tu te demandes pourquoi tu aimes tel jeu alors que d’autres le critiquent. »
Ben encore une fois, c’était bien mal amené comme remarque, désolé. Sinon ce qui serait encore mieux que de simplement me le demander, c’est que tu me le dises, histoire qu’on reste pas au niveau zéro du débat, à savoir « Xenogears a une narration brouillonne »/ « CC a une narration encore plus brouillonne. » Ce qui s’énonce sans preuve se réfute sans preuve.
« parce que si vous aviez bien lu ce que j’ai tenté d’exprimer, de formuler, vous auriez compris que je tente de montrer comment est pensé le jeu dans sa construction et comment on peut le penser quand on y est sensible, c’est-à-dire que j’essaye de faire autant une analyse objective des structures que de faire une analyse subjective des effets produits pour impliquer le joueur présupposé conquis. »
Je pense qu’on a bien lu ce que tu racontes, mais quand tu nous réponds, j’ai l’impression que tu pars dans de grandes envolées verbales avec des tas de trucs compliqués et abstraits pour parler de trucs très simples. Et c’est pour ça que je disais avoir l’impression de lire une copie plus qu’un post de forum. Désolé si c’est vexant, mais quand nous on te répond, j’ai pas l’impression qu’on ne prend pas le sujet au sérieux ou que notre analyse manque de finesse, mais seulement qu’on essaie de rester pragmatiques et de pas partir dans de trop grandes considérations. Et ce que tu appelles analyse objective des structures, ben, c’est a priori tout sauf objectif justement. A partir de là, tout ce qui est du domaine du ressenti du joueur (chose que je ne contredirais pas autrement, étant quelque chose d’entièrement personnel) en devient usurpé si à la base on a surinterprété la structure « objective » du jeu pour en tirer son expérience personnelle. Ca ne me dérange pas que tu l’interprètes comme ça, mais tu ne peux pas nous demander de tenir ça pour acquis pour nous.
« Certainement, mais Xenogears étant un jeu vidéo il doit forcément faire avec les contours imposés par ce média. »
Mais encore une fois, il y a des RPG qui évitent les clichés manga. Pas beaucoup, mais il suffit de voir des trucs comme les SMT pour s’en convaincre. Je suis juste déçu que ce ne soit pas le cas de Xenogears.
Cela étant dit, la remarque que tu fais vis-à-vis de MGS est très juste. Je ne suis pas autant dérangé par le ridicule du Ninja de MGS, et pourtant ce jeu est également un truc très sérieux. J’ai eu un peu de mal avec le Metal Gear par contre. (Un gros tank bipède passe encore, mais lui avoir fait un design de dinosaure je trouvais ça un peu abusé. :p)
Faut dire que le Ninja, le Metal Gear et tous les boss bien cons des Metal Gear ont beau être décalés par rapport à l’univers (ce qui n’est pas forcément déplaisant d’ailleurs), ils ne sont pas aussi clichés que ce qui est repris dans Xenogears (je pense surtout à Id et aux énormes robots, deux clichés du manga qui me bassinent sévèrement). Mais ceci dit tu as sans doute raison, je pardonne moins facilement ces écarts à Xeno en raison de mes autres griefs au jeu (c’est exactement la question que je me pose vis-à-vis du scénario en fait. Est-ce que c’est moi qui ne rentre pas dedans ou est-ce qu’il est objectivement mal construit ?)
Je pense maintenant également à 20th Century Boys, qui a son univers un peu bizarre sur les derniers tomes et son robot géant (mais bon là ça détourne beaucoup les codes habituels donc ça passe mieux).
« Oui et non, il ne fait pas que s’en contenter, il a bien le souci de les rendre cohérent les uns par rapports aux autres et de s’en servir plus ou moins. »
Ben écoute, j’ai donné quelques exemples un peu plus haut qui m’ont paru quand même très obscurs au niveau du lien à faire. Après, je suis d’accord que certains noms se justifient plus que d’autres (Id pour ne nommer que lui). Mais une grosse partie de Xenogears fonctionne, à mon avis, sur la poudre aux yeux.
« Quant au mythe nouveau, je force le trait, mais ça ne t’échappe pas que l’histoire de Xenogears est une grande tragédie reprenant divers archétypes de toute une culture et qu’on débouche sur Dieu lui-même. Y a une sorte d’universalité en jeu et une montée de puissance dans les thèmes et enjeux. Parler du sort de l’humanité dans l’avenir et le traiter sous un angle quasi-prophétique j’appelle ça un mythe moderne. »
Okay. Je trouve ton paragraphe beaucoup plus explicite que précédemment. ^^
Maintenant, les traits que tu donnes se retrouvent quand même dans de très nombreux jeux, qui n’ont pas été élevés au rang de Xeno pour autant. Encore une fois, je trouve que tu pars dans de grandes considérations pour déboucher au final sur des choses plutôt communes. Genre la montée en puissance vers des enjeux énormes, c’est le lot de tous les RPG, même en prenant en compte un facteur « Dieu » (beaucoup de RPG s’amusent à placer des personnages qui vont combattre le divin). Je ne suis pas en train de dire que Xenogears est un jeu quelconque, certainement pas, mais que les aspects que tu mets en avant ne me semblent pas être de ceux qui mettent le mieux en valeur le jeu.
« C’est aussi un mythe moderne car il reprend toute une frange de la culture occidentale et orientale et de leurs sous-cultures pour les malaxer et créer une histoire de toute pièce à partir de clichés de nos civilisations. »
Sur ce point je suis déjà plus d’accord, c’est un mélange des plus improbables que celui de Xenogears. A une époque où l’on est (soi-disant ^^) en pleine postmodernité, je trouve que la création d’un récit cosmogonique composé de pleins de référence à la culture populaire (et à un peu de culture plus neutre) constitue un contraste très marrant. Et je trouve ça marrant car je pense que justement ça n’a pas du tout été pensé pour se vouloir d’une quelconque façon en rapport avec cette doctrine, mais qu’au final ça la contredit (création d’une cosmogonie, bien que fictive) tout autant que ça l’entérine (cette même cosmogonie est un mythe fondateur entièrement basé sur les références culturelles populaires actuelles).
« Je rajouterais que comme dans l’Art il n’y a pas forcément de souci du beau, de l’utile, de l’immédiat et je trouve intéressant que le jeu ne se livre pas d’emblée au joueur et que ce dernier doive faire des efforts pour s’approprier une histoire qui essaye de tenir par et en elle-même. »
Cette comparaison avec l’art… ça me paraît encore quelque chose d’exagéré. Je précise que tout ça ne me dérange pas fondamentalement. J’ai bien réussi à faire une comparaison tout à fait abusive entre Odin Sphere et un célèbre théâtre élisabéthain dans un article. Mais comme là on essaie d’analyser le jeu de manière pragmatique, je peux pas vraiment adhérer à une comparaison entre Xenogears et un art de l’abstrait.
Je crois d’ailleurs que le débat touche un peu à sa fin car tu vois des trucs que je refuse d’admettre comme étant des trucs volontaires faits pour poser une narration jalonnée de symboles et de réflexion sur la manière dont doit se raconter un récit, en jouant avec les codes de l’art abstrait, de la cosmogonie et d’autres trucs. Alors que moi je pense que les scénaristes n’ont pas été aussi loin. C’est ta vision du jeu et elle est plutôt jolie tout autant que réfléchie, mais comme l’a si bien dit Camarade Chev, je pense que tu extrapoles beaucoup trop. En fait je pense que tu as plus réfléchi à certains trucs que les développeurs eux-mêmes, ce qui est plutôt flatteur en soi. J’aurais aimé sentir que tout ce que tu racontes vient bien du jeu et non de tes propres réflexions. ^^
« Ce n’est pas parce que ça te plaît pas ou que tu trouves ça inefficace ou inexistant que ça n’existe pas. »
Ben c’est pas un argument en soi ça. Je pourrais dire à l’inverse : Ce n’est pas parce que ça te plaît ou que tu trouves ça efficace que tout ce que tu y déterres existe. En tout cas pas sur le plan objectif. Sur le plan du ressenti évidemment, chacun voit midi à sa porte.
« L’intérêt c’est de comparer, de comprendre comment est utilisée la référence et quelles sont les ressemblances et les différences afin de voir quelle est la logique derrière tout ça et de voir si telle référence est là par hasard ou si elle a du sens et ce qu’elle apporte en plus. »
Oui, ça je vois bien, mais je parlais dans le cas précis de 2001. En quoi avoir lu/vu 2001 aide à donner du sens à Xenogears ? Pour reprendre tes questions : Comment est utilisée la référence et quelle est la logique derrière cet emprunt ?
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Je crois que votre différent vient essentiellement du fait que pour Lordy, la forme déprécie le fond, alors que pour Daku le fond valorise la forme.
Ben justement, c’est ce que je me demande. Est-ce que mes griefs à ce jeu sont entièrement dus à sa forme (système de jeu compris, même si pour moi le système c’est plutôt du fond quand il est question de jeu vidéo) ou bien est-ce que le scénario est aussi à remettre en cause (et quand je dis scénario, il faut comprendre “manière dont se structure l’intrigue”). Tu le soulignais d’ailleurs toi-même la dernière fois qu’on s’est vu : le jeu a un scénario de folie, mais il faut attendre avant de le voir venir ce scénario. Parce qu’entre le début basique de chez basique et les vrais éléments de réponses qui mettent longtemps à pointer le bout de leur nez, on a le temps de s’ennuyer.
Personnellement, je pense qu’on peut envisager ces éléments indépendemments l’un de l’autre, le genre du jeu vidéo n’étant probablement pas le plus approprié pour cette collection de références qu’est Xenogears (le fait que j’aie adoré le CD2, qui n’a de jeu vidéo que le nom et est plus un livre interactif qu’autre chose, doit y jouer pour beaucoup).
Moi je pense qu’au contraire, toutes ces références à la culture populaire passent mieux dans un jeu que ça ne passerait dans d’autres formes de média. (Affirmation qui contredit un peu ce que je disais vis-à-vis de mon envie de voir Xenogears comme un truc à lire plutôt qu’à jouer, mais sur le jeu des références, je pense que le jeu vidéo est plus approprié.)
“et de scénar / ambiance merdique. Le début, dans les bidonvilles, est très bien. Mais après on se retrouve dans un village d’indigènes, une cité perdue, et tout un tas de délires à la Indiana Jones, totalement clichés et surtout inadaptés dans le contexte d’une ambiance contemporaine de lutte antiterroriste et de menace bactériologique.”
En même temps on est dans Resident Evil. Niveau scénario ça a jamais volé très haut et ça a toujours été bien cliché. (Ce qui n’empêchait pas la série d’être très cool.)
Bon par contre j’avoue que le décalage entre le genre de l’aventure et le genre “zombies” doit être assez bizarre.
Vu que le gameplay a l’air d’être le même que celui du 4, je pense que ce Resident Evil ne sera pas pour moi. En tout cas je trouve l’idée de poser le jeu en Afrique excellente. ^^
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Le scénario n’a jamais été le point fort des Resident Evil, certes, mais au final on avait quand même des univers de jeu plutot cohérents (enfin, si on excepte le coup classique du mec qui doit placer 3 médaillons dans une fontaine pour pouvoir rentrer chez lui). Là, on a “Allan Quatermain et le Lieutenant Ripley au pays des Zombies”, ce qui n’a absolument rien a voir avec l’univers posé auparavant. Et pourtant le 4 avait fait très fort niveau univers con, mais réussissait à garder une cohérence d’ensemble.
Ah, et Jill en blondasse à casquette, non mais franchement quelle idée de merde.
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Là, on a “Allan Quatermain et le Lieutenant Ripley au pays des Zombies”, ce qui n’a absolument rien a voir avec l’univers posé auparavant. Et pourtant le 4 avait fait très fort niveau univers con, mais réussissait à garder une cohérence d’ensemble.
Oui, sur ce point on est d’accord, je l’ai d’ailleurs souligné.
Par contre le coup du laboratoire secret, je trouvais ça déjà limite dans les anciens Resident Evil. Je veux dire, quel que soit l’endroit où se déroule un RE, y a forcément une base secrète quelque part ! Le pire étant à Raccoon City où les bases secrètes d’Umbrella prolifèrent comme le chiendent !
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« Ta conception d’une bonne narration se basant sur CC, qui est mal foutu, il va falloir revoir les critères de qualité avant de juger Xenogears. »
Tiens oui, quels sont tes critères de qualité dans une narration de jeu vidéo ?
Maintenant, si toi, ça te paraît tout à fait sobre et constructif comme bout de post, bah je pense que le sujet est clôt. C’est finalement moi qui vais nous éviter de perdre du temps.
C’est peut-être toi qui juge que tu n’as pas le bon interlocuteur en face ?
Sinon ce qui serait encore mieux que de simplement me le demander, c’est que tu me le dises, histoire qu’on reste pas au niveau zéro du débat, à savoir « Xenogears a une narration brouillonne »/ « CC a une narration encore plus brouillonne. » Ce qui s’énonce sans preuve se réfute sans preuve.
Je n’ai pas trouvé tes exemples si pertinents. Et quand bien même la narration ne serait pas adaptée au support, et elle est imparfaite en certaines occasions, tu dis toi-même que tu ne sais pas réellement si ton désagrément vient de la forme ou d’autre chose, et cette alternative reste à définir. Je reste ouvert aux possibilités que tu peux énoncer.
Je pense qu’on a bien lu ce que tu racontes, mais quand tu nous réponds, j’ai l’impression que tu pars dans de grandes envolées verbales avec des tas de trucs compliqués et abstraits pour parler de trucs très simples. Et c’est pour ça que je disais avoir l’impression de lire une copie plus qu’un post de forum.
Ah, bon. Alors tu préfères qu’on en reste aux kikoulol parce que c’est un forum ? Je suis désolé d’apporter une réflexion, bonne ou mauvaise. J’essaye de montrer comment on peut penser le jeu et comment on peut l’aimer, ça va plus loin que d’en rester à des banalités.
Et ce que tu appelles analyse objective des structures, ben, c’est a priori tout sauf objectif justement. A partir de là, tout ce qui est du domaine du ressenti du joueur (chose que je ne contredirais pas autrement, étant quelque chose d’entièrement personnel) en devient usurpé si à la base on a surinterprété la structure « objective » du jeu pour en tirer son expérience personnelle.
Non, il y a les deux perspectives, l’une débouchant sur l’autre. Je tire du jeux des schémas et je les utilise ensuite en les interprétant et pour interpêter le jeu. Je vois que le jeu utilise des références, des symboles et j’essaye de conceptualiser leur fonctionnement pour voir comment on peut penser qu’il y aurait une raisonnance entre eux et qu’ils apporteraient un supplément d’âme au jeu. C’est en deux phases. Un premier temps sur la forme et le contenu et un second temps ç y impliquer ma subjectivité.
Mais encore une fois, il y a des RPG qui évitent les clichés manga. Pas beaucoup, mais il suffit de voir des trucs comme les SMT pour s’en convaincre. Je suis juste déçu que ce ne soit pas le cas de Xenogears.
Pas si sûr, il y a aussi des clichés dans les SMT. Et je pense que Xenogears assume son héritage des mangas parce qu’il a été conçu là-dessus. Une part importante des éléments du jeu proviennent de grandes références de l’animation japonaise et un jeu sérieux a aussi le droit de céder à un certain effet de style. Après je pense que ce qui est intéressant c’est comment Xenogears réutilises et réinterprêtes ces clichés. Le coup d’Id étant expliqué par un mécanisme intelligible lié au psychisme je ne suis pas choqué ou saoulé de voir ressurgir un cliché. D’une certaine façon le cliché est contourné ou dépassé parce qu’il est bien utilisé et qu’il participe de quelque chose de plus profond, qui a des causes et des conséquences et n’est pas fortuit.
Mais une grosse partie de Xenogears fonctionne, à mon avis, sur la poudre aux yeux.
Oui et alors ? Je n’ai pas dit que tout était fondé et légitime, je parle surtout de la quête principale, du noyau central. Et puis l’ensemble marche, c’est plutôt crédible, on se prend à l’histoire. Et cette histoire est très bonne elle-même, elle n’a pas besoin des références mais ces dernières la complète. Tu dis bien que tu aimes le scénario sur le papier, c’est donc que la poudre au yeux ne te gêne pas vraiment puisqu’elle est une part inhérente aux éléments de ce scénario.
Maintenant, les traits que tu donnes se retrouvent quand même dans de très nombreux jeux, qui n’ont pas été élevés au rang de Xeno pour autant. Encore une fois, je trouve que tu pars dans de grandes considérations pour déboucher au final sur des choses plutôt communes. Genre la montée en puissance vers des enjeux énormes, c’est le lot de tous les RPG, même en prenant en compte un facteur « Dieu » (beaucoup de RPG s’amusent à placer des personnages qui vont combattre le divin). Je ne suis pas en train de dire que Xenogears est un jeu quelconque, certainement pas, mais que les aspects que tu mets en avant ne me semblent pas être de ceux qui mettent le mieux en valeur le jeu.
Ben c’est ce que j’ai déjà affirmé, Xenogears est un RPG classique mais il est plus que ça car il réinterprête les codes du RPG classique par les références qu’il accumule et auxquelles il donne une vie propre. Ce qui le distingue des autres RPG c’est qu’il ne se prend pas pour de la merde et qu’il place des concepts dans ses éléments et s’en sert pour développer des liens complexes et plus intellectuels que la moyenne des RPG traditionnels. Xenogears prend le temps de développer ses personnages, de toujours remettre les situations et enjeux en cause, au fond de briser le manichéisme des contes de fée et d’apporter des thèmes matures avec des personnages compliqués et aux personnalités élaborées. J’ajouterais aussi que le jeu joue sur le mystère et les révélations dans un sens quasi-religieux. Et je pense que c’est un jeu conçu pour un profane. La première partie a tout d’une claque parce que plus on avance plus on découvre le monde et ses enjeux et ils sont toujours remis en cause et au travers de la quête existentielle de Fei (ses indécisions, ses choix, etc) on monte de palliers en palliers dans le scénario et sa complexité. Et donc ce qui est justifié comme progression l’est moins à une seconde partie car le joueur sait tout et voudrait déjà être à la fin, il a autant de connaissance que Karellen et n’a que faire des problèmes de Fei. Au fond, il n’y a pas de reprise possible et il faut pouvoir repenser restrospectivement le jeu pour l’apprécier d’une nouvelle façon parce qu’ayant toute la connaissance et n’étant plus sujet à la surprise et à l’exhaltation des rebondissements on n’a plus de plaisir de jouer, on voudrait seulement lire l’essentiel à nouveau. Or, l’essentiel du jeu et sa fin n’ont de vrai sens que parce qu’on a parcouru un chemin d’intrigues et d’obstacles auparavant, qu’on a parcouru une logique…
Cette comparaison avec l’art… ça me paraît encore quelque chose d’exagéré. Je précise que tout ça ne me dérange pas fondamentalement. J’ai bien réussi à faire une comparaison tout à fait abusive entre Odin Sphere et un célèbre théâtre élisabéthain dans un article. Mais comme là on essaie d’analyser le jeu de manière pragmatique, je peux pas vraiment adhérer à une comparaison entre Xenogears et un art de l’abstrait.
Je ne pense pas que le jeu vidéo soit de l’art mais je crois qu’on peut tout à fait comparer deux choses qui sont censées être des constructions, ça reste une comparaison et ce n’est là que pour me permettre d’insister sur le fait qu’une histoire n’a pas forcément à être racontée de manière claire et élégante pour être efficace ou être bien narrée. On peut préférer une bonne narration, mais si l’histoire est nulle ça ne change pas grand chose. Une histoire a tout à fait le droit d’imposer à son lecteur de rester concentré. Pourquoi tout devrait toujours être évident ? De plus, si la narration de Xenogears était si infâme je crois que je n’aurais rien compris de toutes les connaissances que je peux avoir dessus. Par contre, je ne vois pas en quoi c’est forcément de l’art abstrait que j’évoque. Un tableau religieux de la Renaissance avait avant la fonction de représenter le Beau la fonction de représenter une scène de la Bible.
Je crois d’ailleurs que le débat touche un peu à sa fin car tu vois des trucs que je refuse d’admettre comme étant des trucs volontaires faits pour poser une narration jalonnée de symboles et de réflexion sur la manière dont doit se raconter un récit, en jouant avec les codes de l’art abstrait, de la cosmogonie et d’autres trucs. Alors que moi je pense que les scénaristes n’ont pas été aussi loin.
Dans ce cas pourquoi les développeurs auraient mis autant d’éléments référencés, évocateurs dans Xenogears ? Pourquoi l’introduction du jeu est-elle inspirée de 2001 ? Pourquoi le passage à Aveh évoque-t-il autant Dune et Star Wars, en allant jusqu’à donner à Bart des yeux bleus (de l’ibad) ? Pourquoi la psychanalyse ? Pourquoi Takahashi et son équipe se sont-ils faits plus clairs sur leurs intentions avec Xenosaga en allant jusqu’à donner des sous-titres empruntés aux oeuvres de Nietzsche ? On voit bien que ces gens essayent de faire quelque chose avec la culture qu’ils ont…
Oui, ça je vois bien, mais je parlais dans le cas précis de 2001. En quoi avoir lu/vu 2001 aide à donner du sens à Xenogears ? Pour reprendre tes questions : Comment est utilisée la référence et quelle est la logique derrière cet emprunt ?
Un début de réponse : http://www.lost-edens.com/article/xenogears-a-journey-beyond-the-stars/
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”The one who attains the dawn, the dusk, and the darkness shall climb the path to heaven… Wiseman”