Touche pas au billet. |
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J’ai failli mettre le corps du texte ici. Rigolo non ? Sous l’injonction discrète mais non moins désespérée de Lordji, qui se lamentait d’une si prolifique absence de billets et d’utilisateurs des blogs du site, moi, Lordy, ai su être à l’écoute et ai su répondre à ses suppliques d’où ne sourdaient qu’amertume et désolation. Mon blog dormait sous des eaux profondes et sibyllines, et le voici tout aussi bien réifié que réveillé, prêt à en découdre avec la vacuité du site. Je suis la réponse verbeuse à toutes les prières muettes et sonores qui ont été formulées. De quoi vais-je bien pouvoir causer ici qui va pouvoir intéresser les lecteurs exigeants que constitue le tout Lost-Edens ? Et bien le secouement de LorDji est plutôt bien tombé, car une fois n’est pas coutume, je suis plutôt au fait de l’actualité (ou plutôt à demi au fait) avec le sujet du jour :
The Witcher. Une fois n’est pas coutume, c’est un RPG à tendance occidentale qui va fleurir les belles pages virtuelles de Lost-Edens aujourd’hui, ce que j’ai l’habitude de nommer « jeu de rôle » pour les différencier de leur pendant nippon. Derrière cette bizarrerie, sans doute une empreinte de mon état de rôliste papier, loisir dont se rapproche bien plus le jeu de rôle informatique à l’occidentale. Ce premier billet de blog ne devrait donc pas déchaîner les foules vu que peu sont ceux ici qui apprécient le genre du RPG à l’américaine. Bref, The Witcher, c’est un jeu polonais (!), adaptation des romans d’un (sans doute) illustre inconnu, Andrzej Sapkowski (bénie soit l’API). Bon, très franchement, j’ai lu un peu, et c’est aussi bien écrit qu’un roman Fleuve Noir dans ses jours de disette. En revanche, je ne sais pas ce que vaut le scénario et l’univers, mais j’en ai un petit aperçu avec le jeu. Mais c’est pas grave tout ça, car ce dernier, lui, il est bien. Je vais pas en faire une vraie présentation exhaustive, car bon, le jeu est sorti y a un an, et d’autres sites l’ont sans doute déjà très bien faits, mieux que je ne saurais sans doute le faire si je m’attelais à cette digne tâche. Je vais plutôt chercher à raconter quelque chose qui n’a pas déjà été raconté, vu que c’est juste un billet de blog et qu’il va rapidement couler dans les abîmes du site. Sorti quasiment un an après (le 16 septembre de notre année de grâce 2008), The Witcher: Enhanced Edition est une version améliorée et amendée du jeu sorti l’an dernier. L’ayant pour ma part raté, je me suis donc laissé tenté par cette nouvelle mouture, attiré également par un fort beau coffret dont je vous ai pris quelques clichés bien gras, mon talent de photographe aidant. Dans ce coffret, on trouve beaucoup de bonnes choses : le jeu, un second disque contenant deux nouveaux scenarii, un disque making-of, un disque de la bande-son du jeu, un disque de musiques que le jeu a su inspirer (je ne sais pas trop ce que c’est), une jolie carte du monde, et trois bouquins, le premier étant le classique manuel, le second étant le guide officiel (minable, comme souvent avec les guides américains) et le dernier étant une nouvelle écrite par l’auteur dont j’ai parlé ci-dessus (pour des raisons de commodité orthographique, on ne parlera plus de lui ici), le tout emballé dans un bel écrin noir à la surface contrastée et s’ouvrant comme un livre sur une présentation alléchante du contenu propice à faire couler les deniers de vos doigts. Le fan sera enchanté.
Ce dernier découvrira par ailleurs cette version boostée du jeu original The Witcher (que je n’ai pas connu) : 8O % des temps de chargement réduits. Rien que ça devrait convaincre les fans, car paraît-il que ces chargements étaient nombreux et interminables. Désormais, ils sont seulement nombreux. Des dialogues réécrits ou retraduits, de nombreux nouveaux modèles de PNJ et d’expressions faciales, moins de bugs, meilleure IA, meilleurs effets, etc. Alléchant programme qui ne fera pas oublier comme il est regrettable de devoir attendre un an et de nombreux patchs pour voir une version plus décente du jeu sortir, aussi bon était-il lors de sa première arrivée en rayon. Un bon point toutefois : un patch qui contient toutes les nouveautés du jeu est téléchargeable gratuitement pour ceux qui possèdent la première version du jeu. Bref, on ne se moque pas trop du monde quand même. Le jeu en lui-même maintenant. Celui-ci a d’intérêt que je le trouve constitutif d’une bonne alternative à Oblivion, le jeu de rôle américain tous les fantasmes, de toutes les déceptions. Là où ce dernier propose une liberté totale, avec son lot de quêtes, de donjons et d’oubliettes à explorer, de gobelins à occire, de trésors à revendre à la guilde marchande du coin, et accessoirement d’une trame complètement anecdotique, The Witcher ne laisse pas les joueurs gambader comme bon leur semble et leur impose des limites. Les lieux sont plus cloisonnés, la situation spatiale étant dictée par la situation temporelle via un système de chapitres. Par ailleurs, le jeu fonctionne avec un système de quêtes globalement liées les unes aux autres, de sorte que la majorité d’entre elles sont difficilement ratables. Enfin, chaque PNJ (et chaque objet manipulable du décor) étant surmonté d’un nom descriptif, il est possible de voir au premier coup d’œil qui a quelque chose d’intéressant à dire, et qui n’est là que pour meubler le décor, car à l’instar d’un Chrono Trigger où un « Mère de Crono » indique très clairement un PNJ sans importance, un « Citadin » peut être ignoré dans The Witcher. Bref, le jeu limite l’action du joueur, mais également ses recherches infructueuses, le principal reproche que je fais à un jeu comme Oblivion, où les fans pérorent et nous chantent les louanges de la liberté, pontifiant et glosant, mais sans jamais avancer d’arguments réels, comme si le concept de liberté était un acquis positif qui ne méritait pas discussion, tant les évidentes qualités de la chose sont éclatantes. Or beaucoup le disent pourtant : on peut facilement s’emmerder sur un jeu comme Oblivion. L’absence d’une intrigue est une chose, argument avancé généralement contesté par un maigre « l’histoire, c’est toi qui la fabrique » qui ne convainc guère que ceux qui sont déjà dévoués à la cause, mais la liberté en est une autre. Bref, dans The Witcher, pas besoin d’écumer une ville pendant vingt minutes en parlant à tous les PNJ qui passent, PNJ racontant tous la même chose, pour enfin mettre la main sur la quête prodigieuse de l’opale, recherche épique d’un trésor légendaire coincé dans le gosier du poulet du paysan du champs d’en face. Dans une telle situation, je trouve que la liberté devient un réel problème tant elle ralentit le jeu. Bref, contrairement au mythe populaire, la qualité d’un jeu n’est pas proportionnellement croissante à son degré de liberté. Pour en revenir à The Witcher, le jeu a aussi le bon goût, grâce à son chapitrage, de proposer des quêtes globalement liées les unes aux autres, formant ainsi des intrigues étalées sur le chapitre qui permettent d’éviter le singulier manque d’implication que l’on peut ressentir dans certains RPG américains. Ici, les quêtes permettent de monter pour chaque chapitre un scenario qui tourne de manière assez savoureuse à l’investigation. Dans un univers fantasy assez décadent où la morale est toute relative, l’ambiguité est reine et l’on est souvent surpris de la tournure que prennent les événements à mesure que l’on progresse. La liberté de prendre des décisions et de prendre parti devient d’autant plus intéressante dans un tel contexte, ce libre-arbitre ayant par ailleurs de grosses implications sur la suite des événements, ce qui n’est pas toujours le cas de certains jeux plus permissif mais où les choix les plus drastiques passent parfois tout simplement inaperçus. La trame principale, elle, n’est pas qu’un prétexte et on est toujours sur la piste du passé de notre avatar à la moralité douteuse. Car oui, on nous fait à nouveau le coup de l’amnésie. Pas très original, cette base est heureusement rapidement rattrapée et dépassée par l’intrigue globale, bien plus passionnante car à l’instar d’un Planescape Torment, distinguer ceux qui se disent des amis oubliés des ennemis est une tâche à plein temps et l’on doit se démener pour ne pas être le simple outil ou bras armé de ceux qui censément nous veulent du bien. Reste le gameplay, intéressante alternative au syndrome des gameplay façon MMO/Hack’n’Slash où un clic suffit à résoudre la plupart des combats, laissant le joueur sombrer dans l’indolence et l’ennui. Pas révolutionnaire pour autant, et comme ce n’est pas un test, on n’en saura pas plus ici. : ) Bref, si je n’avais eu un mal de chien (bouh) à installer le jeu, l’enchantement aurait été total et je ne peux que recommander cette belle édition aux fans de la première heure (à savoir l’an dernier) ou bien aux amateurs de RPG à l’américaine, voire ceux qui souhaiteraient une alternative aux Elder Scroll-like. Oui ça fait pas beaucoup sur ce site, ma verve se consume donc pour rien, la pauvre. Ca faisait longtemps qu’un jeu de rôle occidental ne m’avait pas séduit. En attendant Dragon Age: Origins, voire Fallout 3 dans un futur moins lointain…
Voilà un premier billet bordé de professionnalisme et de savoir-faire. Bonjour chez vous. |