Terres Inexplorées : Vol d'une croûte |
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Terres Inexplorées: C’est quoi? Le concept de “Terres Inexplorées” est de porter un autre regard sur des jeux (ou tout autre élément entrant dans le contexte du site) qui passeraient autrement inaperçus ou seraient victimes d’une critique hâtive. La licence du projet appartient à Elrica et Skarn, néanmoins toute autre contribution peut être étudiée (Lordy, on pense à toi et au pays enchanté de Rubis Land). Ce premier témoignage a pour sujet le jeu Plus Belle la Vie sur DS, un sujet incontournable qui illustre parfaitement notre démarche. Passé un peu inaperçu dans la masse des adaptations télévisées sur DS ( Questions pour un Champion, Koh Lanta, Des Chiffres et des Lettres …), Plus Belle la Vie (sous-titré Le Secret du Docteur Livia ), jeu inspiré de la série éponyme, sait pourtant tirer son épingle du jeu. Ce jeu tient à la fois du point & click (essentiellement du click, en fait), pour ses phases de recherche intenses où il faut retrouver un objet ou une sortie dans le décor (éléments généralement mis en évidence grâce à la commande « aide », et la plupart du temps impossibles à repérer autrement), et du visual novel , pour ses phases de dialogue à choix multiples avec les personnages de la série (les arbres de dialogue étant particulièrement travaillés, cliquer sur une phrase ne faisant pas avancer l’intrigue génère la plupart du temps une réponse banale, puis un retour sur la phrase qu’on a malencontreusement omis de sélectionner). On peut donc dire que ce jeu définit le genre inédit du click & click : il est tout à fait possible de le terminer en cliquant partout au hasard, et ce sans véritable conséquence, tant au niveau de l’intrigue que du gameplay, l’absence de Game Over n’étant pas étrangère à ce fait (ou tout du moins, si un Game Over existe, il se cache très bien).
Le jeu propose d’incarner Chloé, fashion victime apprentie journaliste (ou du moins le suppose-t-on, celle-ci se faisant refourguer un boulot de pigiste dès les premières minutes du jeu, sans qu’il soit possible d’y faire grand-chose), qui au gré de ses reportages de proximité passionnants, tombera sur une affaire de vol (CF le titre de l’article) débouchant sur une machination à plus grande échelle, dans le plus pur esprit de la série. En avançant dans le jeu, il sera possible de débloquer un autre personnage doté de capacités quasi surhumaines (dont la prise d’importance dans l’intrigue alors que son rôle se bornait à celui d’un troisième couteau auparavant est tout à fait dans le ton de la série), qui sont malheureusement peu mises à parti par les mini-jeux disponibles.
En effet, puisqu’il s’agit ici a priori d’un jeu DS à destination du casual gamer , l’enquête principale est ponctuée de mini-jeux annexes (dépoussiérer une lettre compromettante, comparer l’écriture de suspects potentiels, etc – on peut donc en résumer la plupart par « remuez le stylet un peu partout sur l’écran jusqu’à ce que le message de réussite s’affiche »). Le plus intéressant de ceux-ci étant le jeu de rédaction d’articles, permettant de générer plusieurs dizaines d’articles différents, ceux-ci donnant lieu à des appréciations variées de la rédactrice en chef (qui, je le rappelle, embauche Chloé sans même s’interroger sur ses compétences), allant de « C’est excellent, continuez » à « J’ai dû réécrire votre article, la prochaine fois je vous vire » (il est à noter que pas une seule fois cette menace n’est mise à exécution, de même que jamais la question du salaire n’est abordée).
L’enquête a lieu dans divers lieux du Mistral, le quartier où se déroulent les événements de la série, et où on rencontre les divers personnages de celle-ci. On se déplace entre les lieux grâce à une carte globale, sur laquelle les effets de traces de pas sont tout simplement bluffants. La plupart des interactions avec les personnages prennent la forme de dialogues générés en cliquant sur leurs avatars photoréalistes. Toutefois, il est également possible de les appeler par téléphone (même si la fréquence à laquelle les appels donnent lieu à une réponse en dit long sur l’état du réseau téléphonique à Marseille), ou de leur présenter des objets de l’inventaire, comme dans tout bon point & click qui se respecte. Les personnages sont fidèles à leur rôle dans la série : Mélanie la serveuse du bar passe le jeu à débiter des banalités, Frémont le businessman corrompu vous fout dehors dès que l’interrogatoire devient trop poussé (généralement au bout de deux phrases)… De même, pour les joueurs ayant quelques lacunes dans l’univers de la série, cliquer sur un personnage permet d’afficher une rapide biographie, parfois assez détaillée (par exemple, il est ainsi possible de savoir au premier coup d’œil qu’Agathe est une ancienne prostituée, mère d’un personnage que l’on a pas encore rencontré dans le jeu).
Graphiquement, le jeu est correct, les avatars pixellisés des personnages oscillant entre le « plutôt ressemblant » et le « c’est pas possible l’acteur a pas dû donner ses droits », et les décors étant des images fixes riches et détaillées, tout à fait dans le ton de ceux de la série. Les sprites utilisés pour l’inventaire sont assez beaux et font plaisir à voir, l’univers des jeux casual étant souvent dominé par de mauvais graphismes en flash. L’ambiance sonore restitue tout à fait l’univers de la série (l’introduction du jeu est d’ailleurs une vidéo du générique), entre les jingles récurrents, les bruitages d’automobile et les sonneries de portables donnant des envies de meurtre.
La durée de vie est malheureusement assez faible : il est possible d’en faire le tour en une à deux heures. Toutefois, il existe des quêtes annexes (dont une belle histoire d’amour que je ne déflorerai pas) enrichissant la durée de vie, même si les dialogues click & click offrent peu de variété et de choix – malgré certaines libertés offertes par la possibilité de sauter des pans entiers de l’intrigue, par exemple en effaçant « malencontreusement » un message important sur son portable sans l’avoir lu, ou de couper court à des passages clés (comme le final) simplement en prenant congé des personnages.
Rédigé par Skarn & Elrica |