Pour ce nouvel opus des Terres Inexplorées , nous aborderons le film Dragon Ball Evolution de James Wong. Nous avions décidé au départ d’aller voir Watchmen au cinéma et, malheureusement, plus aucune salle alentour ne le proposait. Par dépit, et également par curiosité, nous nous sommes tournés vers la relecture sur grand écran du célèbre manga de Toriyama.
Pourquoi un tel choix ? Tout d’abord, notre connaissance du sujet de base (surtout Elrica en fait, les connaissances de Skarn sur Dragon Ball étant noyées parmi celles sur Saint Seiya et Denver le dernier Dinosaure ), mais aussi une envie de voir « le » film lapidé par la critique (ainsi que le public).
Nous avons donc pris nos tickets pour une salle que nous imaginions bondée de gamins de 14 ans, le samedi de la semaine de sortie à 20h dans le plus grand complexe cinématographique du département, et nous nous sommes retrouvés avec une trentaine de personnes dont une bonne moitié avait notre âge, et attendait probablement d’incendier ou de s’extasier devant les aventures de Goku sur grand écran.
Merci la différence de tarifs ;(
Comme vous le savez sans doute, le parti pris du film est de transposer les personnages et l’intrigue dans un univers au goût du public actuel. L’histoire de ce premier opus (une trilogie étant prévue) se centre donc sur le retour de Piccolo, emprisonné par sept sages grâce au rituel magique du Mafuba après avoir manqué de détruire la Terre il y a 2000 ans avec son complice le singe maléfique Oozaru. Seul le pouvoir des Dragon Balls, qui permettent à celui qui réunit les sept d’invoquer le dragon mystique Shen Long (qui, malgré son nom, est bien plus court que dans l’anime) et d’exaucer un vœu, pourront le bannir à nouveau dans les ténèbres de la bouilloire dont il n’aurait jamais dû sortir (le Mafuba permettant, semble-t-il, de bannir les démons dans un ustensile de ce type).
Le mystérieux Mafuba
Les personnages ont donc eux aussi été adaptés pour l’occasion, ce qui se révèle plus ou moins déroutant :
- Goku, le héros du film, dont l’histoire et l’apparence marquent une certaine rupture avec le personnage d’origine (en effet le Goku du film, en bon américain, a les yeux bleus, ne possède pas de queue de singe et s’habille en t-shirt et baggy), est élevé par son grand-père maître en arts martiaux parce qu’il ne sait pas trop ce que sont devenus ses parents (selon ses propres termes). Il a les préoccupations d’un jeune américain de 18 ans : trouver une place pour son vélo devant le lycée (malheureusement pas de nuage magique pour lui), apprendre à draguer les filles malgré la réticence de son grand-père de lui enseigner ses connaissances sur le sujet, et résister aux provocations des racailles de son école sans leur faire goûter à son kung-fu. Pour venger la mort de son grand-père, il apprendra peu à peu à maîtriser l’art de l’aérokinésie et ses techniques mortelles, dont le fameux Kamehameha qui permet, après une danse à la chorégraphie complexe, d’allumer des torches à distance, et s’embarquera dans une aventure épique à la recherche des Dragon Balls pour affronter le maléfique Piccolo. Son doublage français est absolument merveilleux, sans doute réalisé par un véritable lycéen dont le tourment intérieur rejaillit sur le personnage.
- Bulma, scientifique qui aimerait devenir célèbre pour son invention lui permettant de détecter les Dragon Balls (ou tout du moins, ainsi qu’elle le mentionne, de détecter celle qu’on lui a volée, puisqu’elle ignore qu’il en existe plusieurs) et pour ses discrètes mèches postiches de cheveux bleus (s’ils avaient été verts, un certain admin ici ne tarirait sans doute pas d’éloges sur ce personnage), rejoint Goku dans sa quête des Dragon Balls afin de les utiliser comme source d’énergie révolutionnaire.
- Tortue Géniale (renommé pour l’occasion Maître Roshi), qui n’a en fait aucun lien avec les tortues (pas même un poster de tortue chez lui, par contre il conserve son goût pour les jeunes filles en maillot de bain, pendant au moins dix minutes), devient le nouveau maître de Goku et lui enseigne l’art du combat. Il demande également l’aide de ses amis sages bouddhistes pour créer un nouveau Mafuba (ou bien était-ce pour prendre le thé ?) afin d’emprisonner à nouveau Piccolo. Quand on pense que ce rôle est interprété par Chow Yun-Fat, on commence à se poser des questions sur le casting.
- Chi Chi, dont le nom débile ne veut pas dire qu’elle l’est (comme le fait remarquer intelligemment Goku lors d’une séquence de drague hors pair, il y a quand même plus débile comme nom), est une jeune fille qui comme elle l’indique fièrement, sait utiliser son Ki et fait des combats elle aussi. Elle organise régulièrement des fêtes dans son château gigantesque (qui laisse songeur quand à la raison pour laquelle elle fréquente un lycée de banlieue pourri), et participe à des tournois d’arts martiaux. Goku est amoureux d’elle, tant pour son physique avantageux que ses aptitudes de combat (elle a en effet la capacité intéressante de pouvoir se battre en nuisette).
- Yamcha, un bandit dont la principale occupation est de creuser des trous au milieu du désert pour attendre qu’un crétin tombe dedans et lui extorquer de l’argent en échange d’une échelle (ce qui semble fonctionner, puisque Goku, Roshi et Bulma tombent dans son piège subtil), est principalement à noter pour son véhicule, une sorte de buggy capable de voler, concurrençant la moto-capsule de Bulma dans la catégorie Fast and Furious .
- Piccolo, le grand méchant de l’histoire, cherche à devenir le maître du monde pour se venger de ses années d’emprisonnement (ce qui n’explique pas quelles étaient ses raisons initiales pour envahir la Terre il y a 2000 ans, mais bon). Il cherche également les Dragon Balls, afin que Shen Long lui exauce ce souhait. Il est accompagné par Mai (dont le rôle est joué par une ex-idol et dont le nom n’est mentionné que lors du staff final), une sorte de kunoichi capable de changer de forme qui l’aide dans ses basses œuvres. Après d’intenses réflexions, nous avons finalement découvert que cette Mai n’est autre qu’une des acolytes de Pilaf dans le manga d’origine, ce qui est assez déroutant.
- Krilin, le meilleur ami de Goku pendant son entraînement. La difficulté de trouver un acteur nain, chauve et sans nez est probablement la raison principale pour laquelle il n’apparait jamais dans le film.
Goku arrivant au lycée
Bulma, ses mèches et Roshi
Bulma, ses mèches (toujours) et Yamcha
Chi Chi dans les fantasmes lycéens de Goku
Piccolo et Mai
La chorégraphie complexe du Kamehameha
La chorégraphie complexe du Kamehameha (vue rapprochée)
Le scénario n’a qu’un lointain rapport avec le manga d’origine, mais c’est bien normal : le film s’appelle Dragon Ball Evolution , ce qui d’après les propres termes du réalisateur, revendique bien une parenté mais non une adaptation fidèle. Certains éléments, comme la présence de Mai (même si elle ne sert pas le bon adversaire), d’indiens gardiens d’une Dragon Ball (qui par contre ne vivent pas au pied d’une tour habitée par un chat-ermite) et d’un volcan renfermant lui aussi une Dragon Ball (où Roshi ne fait malheureusement pas de démonstration du Kamehameha sur la lave), sont autant de références au manga de Toriyama que seuls les fans attentifs sauront déceler. Mais le film puise également ses sources à de nombreux autres endroits. La structure globale est très proche de celle des films de karaté des années 80, les mésaventures de Goku au lycée ont un arôme de séries lycéennes comme Dawson, certaines apparitions de Piccolo rappellent l’empereur Palpatine de Star Wars (mais une observation plus approfondie du personnage laisse à penser que son maquillage s’inspire surtout des vampires et des démons des séries Buffy et Angel)… De plus, le générique de fin est chanté par la célèbre Ayumi Hamasaki, afin d’apporter une petite touche japonaise à l’ensemble.
Les critiques n’auront ainsi probablement pas apprécié ce film à sa juste valeur. Certes, son scénario tient sur l’une des mèches bleues de Bulma, la parenté avec l’œuvre d’origine se résume à des références (souvent inexactes) et les scènes d’actions sont confuses, cependant il assume parfaitement son statut d’adaptation et possède une valeur humoristique non négligeable (chose qui était très importante dans le manga Dragon Ball , et a totalement disparu dans Dragon Ball Z ).
Plusieurs suites sont prévues : on peut s’attendre dans le prochain volet à l’apparition d’adversaires redoutables comme les Saiyen ou Freezer. Reste à savoir si on pourra assister à un combat contre un Vegeta italien ou un Broly surfer australien.
Fidèle à l’œuvre d’origine, le film prône le pouvoir de l’amitié
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