A la fin du chapitre d’Hadès, Seiya et ses compagnons avaient réussi à défaire, non sans mal, l’empereur de la mort. Lors de ce combat, Seiya s’était sacrifié pour sauver Athéna en s’interposant entre cette dernière et le glaive d’Hadès. Celui-ci ayant porté une attaque au coeur du Saint de bronze, nous pensions ce dernier – à juste titre – mort. C’était sans compter le quota annuel de morts-vivants dans l’oeuvre (Kanon en est un bon exemple). Il ne faut donc pas s’étonner de revoir le Saint de Pegase dans ce film.
Celui-ci est d’ailleurs assez ambigu car il s’inscrit dans la continuité de la série (les autres films sont plus considérés comme des “gaiden” – pardonnez-moi l’expression – qu’autre chose) ; en effet, il est un film d’ouverture, le commencement d’un nouveau chapitre de Saint Seiya : Tenkai Hen (aussi connu sous les noms “Heaven Chapter”, “Olympus Chapter” et “Zeus Chapter”).
Ce film, cinquième de son état, a eu comme base une nouvelle de Masami Kurumada (que je ne présenterai pas ici tant son oeuvre est connue et reconnue de part le monde) parue en janvier 2004. On y retrouve donc tous les personnages étant encore en vie à la fin d’Hadès, Seiya y compris (mais dans un état tétraplégique et veillé par Saori – qui le fait visiblement à l’insu de ses Saints, comme Marine le décline).
Malheureusement, ou plutôt heureusement pour nous, trois guerriers de la Déesse Artémis, dénommés “Anges”, les attaquent et lui annoncent qu’ils sont venus prendre la vie de Pegase, ce dernier s’étant rebellé contre les Dieux. Athéna refuse bien évidemment et se voit contrainte d’abandonner la garde de la Terre à sa soeur, Artémis (déesse de la chasse), en échange de la vie de Seiya. Les Saints de bronze, sentant que quelque chose cloche sur Terre se rendent au Sanctuaire et font connaissance avec les Anges (ou plutôt avec leurs attaques). Ils y apprennent également que les “Saints” d’Athéna n’existent plus et que tous leurs anciens compagnons sont passés du côté d’Artémis.
De prime abord on pourrait penser qu’il s’agit de la seule Artémis. Que nenni ! C’est l’Olympe Kurumadienne toute entière qui est en ébulition ; de fait, non content de “murer les âmes” des Saints d’or (on ne sait jamais, ils sont morts mais vu qu’ils ont la facheuse tendance à revenir d’outre-tombe deux précautions valent mieux qu’une) ils envoient également la Déesse prendre le contrôle de la Terre (Athéna représentant ce contrôle dans Saint Seiya).
Mais cela ne suffisant visiblement pas, la Déité du Soleil, Apollon, viendra y mettre son grain de sel. Bref tout cela pour présenter les acteurs de ce film. Sachez aussi que j’ai une vision des personnages par couple, c’est-à-dire qu’il m’a semblé qu’ils agissaient toujours par deux ou en interaction avec une autre personne ; c’est un peu dur à expliquer, mieux vaut l’énoncer, ce sera plus clair.
Saori et Seiya – “séquence retrouvaille”
Couple phare depuis le début de la série, ils se sont de plus en plus rapprochés pour devenir – presque – amants. On remarquera toutefois un changement de caractère pour ce film (celui-ci se voulant plus mature, un tel changement est acceptable, et ce, sans trahir l’esprit originel). Saori, tout d’abord, est moins cruche que d’habitude, elle accepte certes de se sacrifier pour sauver la Terre comme dans les autres “saisons” mais est plus mature vis-à-vis de ses sentiments envers Seiya (rapellons qu’elle a veillé sur lui depuis la fin du chapitre Hadès). Elle voudra même laisser ses Saints en paix pour qu’ils n’aient plus à combattre, une belle évolution qui la voit se transformer de petite mégère égoiste en femme belle et sereine. Puis vient Seiya, chevalier servant de Saori. Celui-ci voit sa confiance envers le Sanctuaire ébranlée lorsqu’il s’aperçoit qu’il n’est plus le bienvenu en ces lieux. Il partira alors à la recherche de Saori et gardera espoir en elle, et en elle seule, Athéna n’étant qu’au second plan pour lui. Le Saint traverse – bien évidemment – de nombreux combats mais cela nous change du Seiya mollasson qui ne se bat que contre les boss grâce à, je cite : “que mon cosmos s’élève à son paroxysme” ou toute autre formule consacrée. Finalement on peut en conclure qu’il a vu d’un oeil différent sa relation avec Saori, celle-ci n’est plus de l’ordre de Saint-Déesse mais bel et bien amant-amante.
Marine et Tôma.
Je me suis longtemps demandé s’il fallait les mettre ensemble et j’ai finalement décidé qu’ils étaient de ceux se ressemblant le plus, l’Ange d’Icare et le Saint d’argent de l’Aigle partagent en effet une troublante ressemblance au point de vu physique (si tant est que l’on omet le sexe) et mental. Une surprise est également réservée au lecteur assidu du manga. Je n’en dis pas plus, il ne faudrait pas vous gâcher le plaisir de la découverte. A noter que Tôma est le seul Ange humain car délivré de sa prison céleste par les Dieux pour infliger leur courroux aux Saints d’Athéna, et le favori d’Artémis. Mention également à son style de combat basé sur les éclairs (probablement inspiré du héros auquel il doit son nom) et à son javelot. Enfin il est le jumeau astral de Seiya (ils sont nés le même jour). Marine n’a par contre pas grand rôle dans le film si ce n’est celui du maître et celui de la surprise évoquée quelques lignes plus haut.
Deux nouveaux Dieux : Artémis et Apollon.
Peu de choses à dire à propos de ces deux nouveaux venus si ce n’est qu’ils sont jumeaux et possèdent bien évidemment de grands pouvoirs au vu de leur statut divin. J’ai volontairement pris un plan large pour Apollon, non pas qu’il soit d’une extrême importance dans le film, mais surtout parce qu’il apparaît seulement sur le tard pour poser quelques interrogations sur la nature des Dieux et celle des humains. Artémis est, quant à elle, présente depuis le début du film. Elle s’emparera du sceptre d’Athéna et dirigera le Sanctuaire et donc la Terre via celui-ci. Tous les Saints restant de la guerre sainte contre Hadès se rallieront à elle, sauf bien entendu les cinq héros habituels.
Elle aime visiblement les armes, a contrario de sa soeur, car elle utilise un arc et permet à ses Anges l’utilisation de javelots.
Des divinités mineures, mais néanmoins Anges : Odyssée et Thésée.
Mélange intéressant entre la signification grecque angelos (messagers des Dieux), et celle des religions judéo-chrétiennes, on ne peut pas vraiment dire qu’ils illustrent leurs noms d’une signification valorisante, contrairement à leurs homonymes (les deux étant des Héros célèbres : le premier lors de la guerre de Troie, le second pour avoir vaincu le minotaure dans son labyrinthe ; labyrinthe d’ailleurs construit par Dédale, père d’Icare). Peu de choses sont à dire sur eux, on sait seulement qu’ils viennent d’Olympe, ne sont pas humains et possèdent le pouvoir de retourner les attaques de leurs adversaires contre eux (pour Odyssée) et de maitriser des attaques à base de lumière (pour Thésée).
Les quatre derniers Saints de bronze, fidèles à Athéna, en proie au désarroi.
On retrouve nos Saints habituels dans ce film, toutefois ceux-ci, comme dit précédemment, agissent en duo contre leur ennemi (Ikki/Shun contre Thésée et Hyoga/Shiryu contre Odyssée). Ils auront du mal à les vaincre tant qu’ils n’auront pas eu d’aides extérieures les encourageant à croire en Athéna. Une fois ce point franchi les Anges ne seront vraiment plus un problème. Relevons également le fait que la continuité par rapport au manga est respectée (à l’heure où j’écris ces lignes seule la partie Sanctuaire d’Hadès a été diffusée) car les Saints portent leurs dernières armures imbibées du sang d’Athéna ; on peut se demander pourquoi ils n’ont pas les Kamui mais je pense que cela est dû au trouble envers Athéna expliqué un peu plus haut dans cet article.
Je ne parle volontairement pas des autres personnages présents dans le film tant leur rôle est mineur (déjà que les Saints de bronze et Marine ne sont pas fondamentalement actifs), signalons toutefois le changement de clan des bronze et argent (hormis ceux présentés plus haut) et l’aide des or.
Contrairement à Saint Seiya Episode G (surnommé Saint Seiyaoi au Japon, hihi) les dessins sont dans la continuité de l’anime ; toutefois, la série étant passée culte, plus question de lésiner sur le budget : des décors grandioses (canyons, forêts, désert, Panthéon…), des attaques superbes dégageant une impression de puissance encore jamais rencontrée (comme le Ho Yoku Ten Sho (Ailes du phénix) d’Ikki). Enfin, les personnages gagnent un style plus épuré qui n’est pas pour me déplaire, loin de là. Seul petit regret : les armures, bien que dessinées de manière superbe, n’arrivent pas encore à la cheville de celles réalisés par les assistants de Kurumada (ce serait dur vous me direz, et j’acquiesserai). Reste qu’il se dégage du film une impression de grandeur et de maturité (oui j’y tiens) encore jamais éprouvée, on sent bien que le réalisateur a vraiment fait un gros effort pour créer quelque chose de majestueux.
Un superbe plan, admirez la couleur des arbres.
Pour ce qui est de l’animation rien à redire, le film est très bien mis en scène et je n’ai pas noté de défaut particulier (tout au plus une légère transformation des traits sur la fin mais rien de bien grave au vu de ce qui s’y passe). Au passage, n’hésitez pas à regarder le rendu de l’eau, tout bonnement magnifique. Merci messieurs Kurumada et Yamauchi (ce dernier ayant d’ailleurs travaillé sur tous les films Saint Seiya).
Le feu et la glace, deux éléments complémentaires et dévastateurs.
J’évoquerai enfin le rôle de l’action, élément récurrent dans Saint Seiya, et qui a une importance particulière sur le rythme du film. Celui-ci est découpé en tranches : départ de Saori, combat contre les Anges, retrouvailles avec Saori. Si l’on peut dire que la première et la troisième sont exemptes de combats (si ce n’est quelques rares escarmouches), il en va tout autrement pour le pilier central qui est ponctué (comme son nom l’indique) de nombreux combats : ceux-ci sont soutenus et entrainants, mais hélas, trois fois hélas trop semblables au schéma de base “perte du combat par les héros, aide extérieure, victoire des héros”. Cela n’enlève rien au fait qu’ils s’intègrent bien dans la logique du film et le rendent vivant (sans compter que c’est toujours un plaisir de voir les attaques des Saints de bronzes).
Tout le monde le sait, ou du moins tout ceux qui auront écouté au moins une fois les musiques de Saint Seiya, Seiji Yokoyama est un grand de la composition des anime.
Il ne fait pas défaut à sa réputation au travers des compositions de ce film, au contraire même, il la renforce en nous pondant des thèmes enchanteurs, tantôt formés de choeurs, tantôt seulement instrumentaux mais dans tous les cas sublimes et retranscrivant parfaitement l’action. Il s’inspire visiblement de tous cotés ; j’ai décélé, dans mes maigres connaissances musicales, des inspirations de tango, d’orgue, des hautbois…
Il n’en fallait pas plus pour placer ces compositions à un très bon niveau. Je vous conseille vivement la piste de l’apparition d’Ikki (en le voyant arriver on pourrait dire que le moment est “rafraîchissant et ensoleillé” (:x)) et de celle d’Apollon, de vrais chefs-d’oeuvre à elles seules.
Parce que oui, quand Apollon apparait, Aphrodite prononce le pseudo de mon bourreau préféré (ndAniki : huhu je m’aime), il fallait bien que je lui rende cet hommage, tout comme à ce film qui m’aura définitivement remis en jambe pour la relecture et le revisionnage de Saint Seiya. Un très bon film qui, je l’espère, verra sa qualité se propager sur le futur chapitre des Dieux.
Ecrit par Echzechiel le 03 juillet 2005 | Modifié le 17 avril 2008