Final Fantasy Tactics… quel doux titre qui rappelle d’incroyables souvenirs aux joueurs du fameux tactical de Squaresoft. Matsuno et son équipe avaient réalisé un jeu d’exception. Aujourd’hui ils remettent ça sur GameBoy Advance. Mais alors pourquoi un “Advance” ? Serait-ce un remake ? Un portage simple sur console portable de Nintendo ou une suite que certains espéraient ? Non, il ne s’agit en rien de tout ceci. Final Fantasy Tactics Advance, premier jeu à reparaître sur une console Nintendo après l’ancienne querelle entre Square et Nintendo, est un jeu unique ainsi qu’original. Et la notion “Advance” ne signifie pas forcément meilleur…
Les premières images dévoilées du jeu laissaient paraître un monde comme le nôtre, avec notamment des voitures. Comment ? Mais où est l’heroïc fantasy ? Les développeurs auraient-ils oublié que leur projet est un Final Fantasy ? Que nenni, n’ayez point peur, ceci n’est rien. En effet, le jeu se déroule bel et bien dans un monde médiéval fantastique. L’histoire commence dans une cour de récréation où des enfants s’amusent sous la neige. Certains semblent victimes de la pression de la majorité. C’est ainsi que March Radiuju, Mewt Randell et Ritz Malheur font connaissance lors d’une bataille de boules de neige. Exclus par les autres ils deviennent amis. Un jour, Mewt trouve un livre qui s’avère spécial et souhaite avec ses amis que la vie soit plus juste et qu’elle soit comme dans les jeux vidéo Final Fantasy. Malheureusement, le livre réagit mystérieusement et propulse la ville et nos amis dans une autre dimension où le monde est typé heroïc fantasy mais aussi où le royaume en place se nomme Ivalice, univers récurrent de Matsuno. Vous incarnez March qui soudain passe du statut de garçon fragile à celui de héros courageux. Au début il ne sait pas où il est et découvre un univers incroyable avec d’autres races que les humains. Il y en 4 autres qui sont les Vieras, les Bangaas, les Moggles et les Nu Mou. Il fait la connaissance d’un moggle nommé Montblanc (si si c’est son nom…) et part à la découverte du pays. Mais quand il vient à recroiser ses amis, il découvre que tout n’est pas rose en réalisant que tout n’est qu’un rêve. Il décide donc de rentrer dans son monde et ne sait pas exactement comment faire. Il se heurtera à ses anciens camarades qui peuvent vivre dans le monde d’Ivalice sans complexes. March devra faire un dur choix : rester dans ce monde ou revenir dans l’ancien mais par la même occasion retrouver ses handicaps tout comme pour ses amis. Le scénario est donc assez simpliste. Il y a pas mal de rebondissements mais ne vous attendez pas à une réflexion politico-religieuse. La déception est grande quand on sait que Matsuno a réalisé des jeux aux histoires complexes et merveilleuses. Ici, on a le droit à une reprise des idées du film l’Histoire sans Fin… rien de bien original à se mettre sous la dent. Néanmoins on se laisse entraîner dans cette aventure mignonne. Et les dialogues sont aussi pauvres que le scénario. Certes la traduction est plutôt bonne (bien que les objets et certains noms soient à mourir de rire, vous pouvez heureusement mettre le jeu en anglais si vous préférez) mais aucune phrase n’aura un intérêt réel. On assiste à des “De toute façon vous êtes pas beaux !” qui font frémir tant c’est pitoyable. Même le background général de l’univers en place est pauvre. Les méchants sont tous plus stupides les uns que les autres et font plutôt de la figuration. Les personnages principaux sont plus travaillés, toutefois on est bien loin du niveau de l’opus PlayStation. Nos misérables héros sont des enfants frustrés et complexés qui ne veulent pas voir la vérité en face. Si vous attendiez de la qualité à ce niveau là, c’est raté. Rien de révolutionnaire en somme chez ce Final Fantasy Tactics Advance.
Le jeu vous propose de vous déplacer sur la carte d’Ivalice. On y trouve des points qui symbolisent des emplacements de lieux. Au fur et à mesure du jeu vous débloquerez des zones que vous placerez à ces emplacements. Ces endroits peuvent être des forêts, des montagnes ou encore des villes. Suivant l’ordre que vous choisissez pour les placer vous pourrez débloquer des items. Malheureusement ce sont des objets banals donc l’intérêt est amoindri pour ce procédé. Les lieux servent de champs de bataille et il vous faudra souvent défendre certaines zones d’agressions ennemies. Pour évoluer dans le jeu il faut vous rendre dans les auberges et bars des villes. Là-bas, un commerçant vous vendra des missions à remplir. Il y en a 300 en tout dans le jeu et il vous faudra quelques centaines d’heures pour toutes les accomplir. Mais si vous tracez vous pourrez finir le jeu en 35 heures. Il y a plusieurs types de missions : certaines vous demandent de secourir des villes alors que d’autres vous font affronter des clans qui s’opposent au vôtre. D’ailleurs votre clan et ses capacités évoluent tout comme vos personnages grâce aux missions. Il y a aussi des missions obligatoires qui font progresser le maigre scénario et l’aventure.
Arrivés en phase de combat vous devrez positionner jusqu’à 6 personnages. Leur classe pourra préalablement être changée, du banal Wizard jusqu’au Monk en passant par le Samuraï. Ce job influence les capacités des combattants. Mais les skills s’apprennent surtout grâce aux équipements et armes, qui selon leurs spécificités permettent d’acquérir de nouveaux talents spéciaux. Il faudra donc choisir des armes puissantes tout en faisant attention à ce qu’elles donnent aussi une connaissance de techniques spéciales. Dommage que les indications et effets ne soient pas affichés dans les magasins car on y perd vraiment énormément de temps. Sur le terrain, le but est de tuer les ennemis ou de détruire un seul monstre spécial (comme un boss par exemple) et chaque membre de votre troupe joue tour après tour contre les ennemis. Ils se déplacent sur le terrain qui est défini en cases. Arrivés près de la cible leur chance de toucher et les dégâts sont influencés par la hauteur à laquelle se trouve l’agresseur. Les magies sont aussi puissantes en fonction de leur type (feu, eau,...) et de celui de l’ennemi qui est quant à lui plus ou moins sensible à certains éléments. Une fois une action réussie, votre personnage gagne des points d’expérience permettant d’améliorer ses capacités. Quand l’ennemi est tué, votre personnage gagne des Judge Points. Ils servent à effectuer des techniques spéciales (comme des Breakart ou Limites) ainsi que l’invocation d’une des 5 divinités (chacune correspondant et utilisable seulement par une race précise) après l’accumulation de 10 JP. Ceci facilite grandement les batailles puisqu’il suffit d’en déclencher pour achever aisément des adversaires. On peut donc arriver à la fin du jeu en utilisant cette technique surpuissante des divinités afin de rayer de la carte les boss coriaces. D’ailleurs, la difficulté est inégale. Le niveau maximal est 50 et on reste pendant longtemps à un bas niveau, le level up étant dur. Les combats sont longs et traitres quand on ne fait pas attention aux différents aspects tactiques. Mais aussi, une fois vos personnages morts ils ne disparaissent pas pour toujours à l’inverse de Final Fantasy Tactics (excepté dans certains endroits spéciaux). Il y a aussi une autre grosse nouveauté : les juges et les lois. Chaque jour, des lois sont édictées qui vous autorisent ou bannissent l’utilisation de certains coups et mouvements. En combat, un juge surveille que la loi soit respectée. Il n’hésite pas à se déplacer et à déplacer les corps, ce qui ne sert à rien et fait perdre beaucoup de temps, déjà que certaines batailles peuvent durer 30 minutes. (D’ailleurs, mention spéciale au système permettant de sauvegarder à n’importe quel moment !) Si un personnage utilise un skill interdit il obtient un carton jaune ou pire, un carton rouge ce qui fait qu’il part en prison et qu’il perd de l’expérience ainsi que ses JP. Pour le libérer il faut payer une lourde taxe. Ce système est novateur mais entame sérieusement le fun du jeu. On perd à la fois du temps, de l’argent et de l’expérience. Heureusement qu’il existe des cartes spéciales pour annuler certaines lois… néanmoins ce système est mal foutu d’autant plus que certains ennemis portant une médaille ne peuvent être atteints. On peut se demander dans ce cas où est la loi… Finalement l’élément central de ce Final Fantasy Tactics Advance laisse un avis mitigé et amer même s’il fait dans l’original. On peut malgré tout apprécier le fait de pouvoir jouer à plusieurs en link et de s’échanger grâce à ce procédé des objets rares. Mais cela ne sauve pas énormément le jeu vu l’agacement et l’inutilité de beaucoup de points du système de combats…
Techniquement le jeu s’en sort plutôt bien. On ne constate pas de temps de chargement et aucun bug d’affichage ou de ralentissements. Cependant on ne peut pas faire tourner la carte car la GameBoy Advance a beau être une 32 bits, elle ne sait pas gérer de la vrai 3D. Quant à elle, la 3D isométrique reste correcte. L’habillage du soft est mignon avec des teintes chaudes et attirantes qui se marient bien avec l’esprit Nintendo. L’ambiance du jeu est chaleureuse ainsi que très conviviale. Les effets magiques sont superbes tout comme les invocations dont le design est magnifique. Les personnages aussi sont bien faits dans un style Super Deformed agréable. Musicalement on retrouve notre Sakimoto bien aimé qui a encore une fois composé une merveilleuse bande son. Les thèmes sont assez simples mais leur pureté est transcendante. On s’aperçoit bien que Square Enix a peaufiné son jeu et celui-ci en ressort artistiquement réussi, bénéficiant de tout le merveilleux savoir faire de l’équipe de Matsuno. Sur ce point, Final Fantasy Tactics peut être considéré comme un des plus beaux jeux disponibles sur GameBoy Advance.
Final Fantasy Tactics Advance laisse un goût amer. Superbe techniquement et artistiquement il n’en reste pas moins décevant avec un scénario inintéressant, des personnages bâclés et un système de combats frustrant. L’univers est assez diversifié et l’ambiance agréable mais cela ne suffit pas à faire un bon jeu. Le fun est entaché par beaucoup trop de contraintes et il est sûr que ceux qui attendaient un Final Fantasy Tactics bis seront déçus par cette mouture. Les bonnes idées sont mal exploitées, bien qu’il fallait s’y attendre, puisque même les grands peuvent faire des erreurs et Matsuno n’y échappe pas. Espérons au moins que cette expérience saura être unique et qu’il en tirera de bonnes idées. A défaut d’avoir le premier FF sur GBA, préférez un Fire Emblem bien plus abouti et accrocheur.
Ecrit par Daku le 09 janvier 2005 | Modifié le 04 novembre 2007