La notion même de “bon” rpg est différente pour un fan de PC et de console. Un fan de RPG console vous dira qu’un bon RPG se doit d’avoir un excellent scénario, une bande-son magnifique, de nombreux rebondissements et un système de combat dynamique. Un fan de RPG PC par contre insistera plutôt sur une grande liberté, une découverte non linéaire de l’univers, de nombreuses quêtes secondaires, la possibilité de faire de son héros ce qu’on veut (du bourrin pur au prêtre soigneur) et un scénario intéressant mais basique, qui n’occulte pas le reste du jeu.
Les RPG qui offrent la finesse du jeu de rôle console sur PC sont plutôt rares, (Final Fantasy VII et Final Fantasy VIII en ont fait les frais) et ceux qui ne sortent que sur ce support sont quasi inexistants. Ion Storm a pourtant tenté le pari insensé avec Anachronox, un superbe jeu de rôle avec une belle histoire et des persos plus qu’originaux, le tout faisant presque oublier la réalisation peu soignée. L’équipe est dirigée par Tom Hall qui dit s’être inspiré de Chrono Trigger [1] – [3] sur Super Famicom.
Malheureusement, avec le recul, force est de constater que ce pari audacieux s’est révélé un échec. En effet, les “pécéistes” n’ont pas du tout accroché et les joueurs sur console ne connaissent pas du tout le soft. Tout cela est vraiment dommage car Anachronox est une perle qui ne méritait aucunement d’être négligée.
Lorsque j’ai découvert ce jeu, cela fait maintenant deux ans, je ne m’attendais pas à grand-chose, je l’avais pris “pour voir”, pour changer de style, prêt à être déçu le cas échéant.
Le jeu commence par une introduction qui présente la ville d’Anachronox, un endroit bizarre qui défie les lois de la gravité et qui montre tout de suite dans quel jeu on s’embarque : un univers de science-fiction, futuriste, complètement décalé et plein de surprises. Dès la première scène, on fait connaissance avec le héros, de manière assez peu sympathique. Un ivrogne est balancé par la fenêtre de son studio, et il se révèle que cette épave sera le personnage-clé de l’histoire.
Le début de la phase jouable, assez lent et ennuyeux, correspondait exactement à ce que j’avais imaginé. En effet, il faut beaucoup de temps pour rentrer dans le jeu et ce n’est qu’après quatre ou cinq heures que j’ai vraiment commencé à prendre du plaisir !
Mais alors quel plaisir ! Le réel potentiel du jeu m’apparut enfin au moment où je me préparais à le ranger au placard. C’est à ce stade que je n’ai plus réussi à le lâcher : une histoire qui se révèle enfin intéressante, de plus en plus de persos jouables, tous plus originaux les uns que les autres, et une ambiance géniale, en même temps glauque et pleine d’humour… unique. J’étais conquis !
Les sombres ruelles de la Cité-planète d’Anachronox.
Les graphismes d’Anachronox reposent sur un vieux moteur graphique déjà utilisé pour Quake II (un autre jeu PC de quatre ans plus vieux). Au moment de la sortie, ils n’étaient donc déjà plus de première fraîcheur. Ils le sont d’autant moins aujourd’hui. Les décors ont une apparence assez carrée.
Mais si Anachronox pêche par ses graphismes dépassés, il se rattrape par le design et la taille de son univers, composé de multiples planètes pourvues chacune d’une atmosphère et d’un style différents. Comprenez par là que le moteur graphique, bien que vieux, a été bien exploité, et qu’Anachronox bénéficie de décors très originaux et agréables à regarder et de personnages à l’apparence très attractive. Les effets lumineux sont également très bien rendus.
C’est sur la dangereuse mais magnifique planète de Limbus que vous aurez droit aux plus beaux effets de soleil couchant.
L’équipe qui s’est chargée du développement a donc réussi à créer un jeu graphiquement plus beau que ce que l’on aurait pu imaginer avec un moteur qui, au moment de la sortie en 2001, datait déjà de quatre ans.
Pour commencer, il est important de préciser qu’Anachronox est entièrement en anglais et n’a jamais été traduit dans une autre langue. Il est donc rudement conseillé de comprendre l’anglais si vous voulez avoir une chance de suivre le scénario.
Le joueur se promène à travers l’immense univers du jeu en résolvant de petites quêtes ou en combattant. Les “promenades” à travers les mondes tirent souvent en longueur et peuvent en décourager plus d’un. De plus les temps de chargement entre les zones sont trèèèès longs. Impatients s’abstenir, donc !!!
La jouabilité est assez bonne, quoiqu’elle pourrait être meilleure. Vous avancez avec des touches de clavier, et vous vous dirigez ou interagissez avec l’environnement au moyen d’un curseur de souris (cette caractéristique du jeu est la seule à rattacher Anachronox à d’autres jeux sur PC).
L’interface est simple, avec des menus classiques où vous pouvez équiper vos personnages, leur donner des objets, voir leur niveau etc…
En parlant de l’interactivité, celle-ci est assez faible. Il y a très peu de contact avec l’environnement. Si une action est possible, le curseur se mettra à tourner sur lui-même.
Le jeu est très linéaire, on est guidé tout le long et on suit l’histoire qui se dévoile peu à peu. Pas besoin de faire beaucoup de choix soi-même en ce qui concerne la route à suivre. Il en va de même pour les personnages, qui évoluent dans une direction bien définie. Il est cependant possible de rester coincé sur certaines énigmes plutôt délicates.
Votowne, la capitale de votre “camarade” Democratus. (N’oublions pas qu’avant d’être un personnage jouable, Democratus est une planète !).
Chaque protagoniste a également une compétence qu’il peut utiliser dans une situation bien précise. Par exemple, forcer des verrous, pirater des ordinateurs, détruire des murs etc.
Le système de combat se déroule en ATB, c’est-à-dire que chaque personnage, allié ou ennemi, n’a la possibilité d’agir que quand sa jauge est remplie. Les alliés, au nombre de trois maximum dans un combat, peuvent attaquer, défendre, lancer un item, ou utiliser un coup spécial ou du mystech.
Les coups spéciaux peuvent être appris grâce à des items trouvables au cours du jeu, tandis que le mystech est l’équivalent de la magie. Dans l’univers d’Anachronox, sont éparpillés un peu partout des blocs de mystech appartenant à huit éléments différents : fire, ice, nuts, winky, slow, psy, bane et poison, chaque personnage ayant plus d’affinités pour l’un d’entre eux (sauf Grumpos qui a de l’affinité pour deux éléments)
Enfin, les personnages ont aussi la possibilité de bouger pendant les combats, afin de s’approcher des ennemis ou au contraire se mettre à l’abri.
Dans les combats, la moindre attaque physique bénéficie d’une petite animation, comme vous pouvez le voir ici, avec Stiletto et Grumpos.
Les décors sonores d’Anachronox sont magnifiques et parfaitement adaptés aux décors visuels, leur donnant plus de profondeur et de forme à nos sens. Cela dit, ils sont plutôt répétitifs et monotones en dehors de leur contexte. Il ne serait pas intéressant d’écouter l’ost sans jouer au jeu.
Les premiers éléments d’un étrange matériau furent découverts il y a trois cents ans. Ils sembleraient être les derniers vestiges d’une civilisation d’aliens éteinte depuis longtemps. Ces éléments furent appelés Mystech (mysterium technology) et découverts dans la galaxie entière. Certains permettaient de soigner, d’autres de se battre, et d’autres encore ne furent jamais compris.
Cent ans plus tard, un pilote spatial fit la découverte d’une étrange boule hérissée d’épines. Une de ces épines semblait émettre un signal. Le pilote s’approcha et se retrouva en hyperespace, puis reparut à un autre endroit de la galaxie. Ce pilote fut le premier à découvrir un “Expéditeur” (traduction personnelle pour ce qui est appelé a “Sender” dans le jeu). Bientôt, ces Expéditeurs permirent le voyage aisé à travers toute la galaxie. Ils devinrent l’objet de guerres terribles, chacun voulant se les approprier. Au centre de l’univers se trouve “Sender One”, et à l’intérieur de cet immense expéditeur flotte une ville étrange, la cité planète d’Anachronox.
Selon les théories actuelles, Anachronox fut une ville où furent mis en quarantaine des millions d’aliens qui tous moururent progressivement d’un mal étrange, d’où le nom actuel de la cité (Anachronox signifie poison d’un temps passé”). Bien plus tard, la ville fut repeuplée et devint le centre commercial de la galaxie.
Vous passerez souvent par cet endroit, le spatioport d’Anachronox, et le seul moyen de quitter la planète pour parcourir l’univers.
C’est dans ce contexte que commence le jeu. Après avoir survécu à une attaque des hommes de main du puissant Detta, Sly Boots, un détective raté et alcoolique, est embauché par un vieillard aigri du nom de Grumpos, qui a besoin de son aide. Bien vite, Grumpos et Boots sont rejoints par le robot et la secrétaire décédée et numérisée du détective. A ce joyeux quatuor vient au fur et à mesure s’ajouter une scientifique hérétique, une planète entière préoccupée par sa survie, l’ancienne partenaire de Boots devenue tueuse à gages et un vieux super-héros dépressif et alcoolique au chômage.
Quelque chose provoque la régression de l’univers sur lui-même, le détruisant petit à petit et causant la perte de ses habitants et de tout ce qui s’y trouve, engloutissant toute forme d’existence, vivante ou pas. Le petit groupe insolite, mené par un détective alcoolique et pitoyable, est pourtant le seul à prendre ce problème au sérieux et le seul à pouvoir faire quelque chose pour sauver le monde.
L’histoire d’Anachronox est très bien construite bien qu’elle démarre beaucoup trop lentement. Ce n’est qu’en quittant la planète d’Anachronox que le scénario prend de l’ampleur, et cela après 5-6 heures de jeu. Cela dit, l’univers dans lequel se déroule l’aventure est une pure merveille, et regorge de surprises, et que de personnages très originaux, jouables ou non ! Le principal point fort du scénario d’Anachronox est l’humour. Ce jeu paraît sérieux lorsqu’on le commence, dans un univers sombre et malsain, et c’est justement ça qui le rend drôle. L’humour d’Anachronox est complètement décalé par rapport à l’univers (Raaaa, Rictus Villian Ship !). Un régal pour ceux qui maîtrisent l’anglais et comprennent ses finesses.
Bah quoi ? J’ai quelque chose sur le nez ? Pourquoi me regardez-vous comme ça ?
Anachronox peut se targuer d’avoir une palette de personnages plus qu’originale. Vous contrôlerez 7 personnages différents, ayant chacun leur arme définie, leurs battle et world skills et une affinité pour un élément précis de mystech. En dehors de cela, ils ont tous une force à peu près équivalente et évoluent de manière très dirigiste (autrement dit, vous n’avez que peu de liberté pour les faire évoluer). Une petite présentation de chacun d’entre eux s’impose !
De gauche à droite : en haut, Democratus, Boots et Grumpos ; en bas, Fatima, Rho, Pal 18 et Stiletto. Le colosse rouge à droite est Paco.
Fatima Doohan n’est pas un personnage jouable, mais a toutefois autant d’importance que ceux-ci. En effet elle est avec vous durant toute l’aventure. Fatima est l’ancienne secrétaire de Boots, morte dans un accident de voiture. Mais cet égoïste de Boots lui a refusé le repos éternel et a préféré la digitaliser et l’enfermer dans un Cordicom LifeCursor. Cette situation est loin de lui plaire et elle n’hésite pas à en faire part à son maître. Fatima a un rôle très important dans l’équipe. Elle joue le rôle du curseur de souris et consigne l’aventure ainsi que les sauvegardes.
Fatima n’a pas de Worldskill.
Passons maintenant aux mauvais. En réalité je ne peux en présenter qu’un seul sans spoiler, à savoir Detta, un ennemi de longue date de Boots. Detta est un être repoussant de par son apparence et est le chef d’une sorte de mafia et le bandit le plus puissant et le plus riche de l’univers. Boots, dès le début du jeu, est maltraité par les sbires de Detta pour une dette colossale qu’il n’a pas remboursée. Mais au cours du jeu, le groupe se rendra compte que cette dette de Boots envers Detta n’est pas le seul problème qui les opposera.
Le tout méchant Detta (et il est moche en plus !).
Voilà, désolé de ne pas pouvoir vous proposer la présentations d’autres méchants, mais je vous assure que c’est pour votre bien.
Je pense que vous connaissez maintenant en gros mon opinion sur ce jeu. Je n’ai qu’une chose à dire : heureusement que j’ai résisté aux premières heures plus qu’ennuyeuses, parce qu’après… quel pied ! Ce jeu m’a énormément plu, tant pour son univers complètement tordu que pour son histoire et ses personnages. J’ai beaucoup ri en y jouant. Cela dit, il faut comprendre l’anglais, et même bien le comprendre. La richesse du jeu résidant en grande partie dans l’humour ambiant et dans l’histoire, faire le jeu sans le comprendre n’a aucun intérêt. Il est vrai qu’étant peu patient, je me suis souvent énervé sur les chargements de zone beaucoup trop longs et les aller-retour incessants à la station. Mais ces détails sont vite voilés par l’intérêt plus qu’important que nous offre ce soft.
C’est à ce stade que débute vraiment l’aventure. La gare de Sunder, juste après avoir quitté Anachronox.
Encore quelques aperçus du jeu ? Voici Sender Station, le point central de l’univers, carrefour interplanétaire et lieu de rencontre de vos amis. La deuxième image représente la belle planète de Sunder. Profitez-en tant que vous le pouvez…
Ecrit par MS le 12 décembre 2004 | Modifié le 04 novembre 2007